S’il était encore besoin de prouver l’importance des réseaux sociaux dans la collecte et le relais d’informations, c’est chose faite. Depuis l’attentat survenu le 15 avril en plein marathon de Boston, Twitter, Instagram, Reddit et compagnie ont vécu au rythme de la traque des deux suspects. Retour sur une chasse à l’homme en temps réel.
C’est sur Twitter que l’on apprenait cette nuit (ou au petit matin…), la capture de Djokhar Tsarnaev, le plus jeune des deux suspects des attentats à la bombe du Marathon de Boston. Et pas de n’importe quel twittos, puisque c’est le maire de Boston, Tom Menino himself, qui s’y est exclamé: « nous l’avons eu ».
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Au même moment, la police de Boston annonçait elle aussi la capture du deuxième suspect sur le réseau social, dans un style manichéen très « blockbuster hollywoodien » (Star Wars ne semble pas bien loin…)
(« CAPTURE!!! La chasse est terminée. Les recherches sont finies. La terreur est vaincue. Et la justice a gagné. Le suspect est en garde à vue »)
Ramzan Kadyrov a lui opté pour Instagram. Le président de la république de Tchétchénie a effectué une déclaration concernant les origines tchétchènes des deux suspects via son compte Kadyrov_95 (ça ne s’invente pas).
Un texte en russe que Le Monde a traduit par:
« Des événements tragiques se sont produits à Boston. Suite à un acte terroriste, des gens sont morts. Nous avons déjà exprimé nos condoléances aux habitants de la ville et au peuple américain. Aujourd’hui, comme l’indiquent les médias, un certain Tsarnaev a été tué au cours d’une tentative d’arrestation. S’il avait été arrêté, et que l’enquête avait suivi son cours, on aurait pu éclaircir les circonstances et son degré de culpabilité. Apparemment, les services spéciaux avaient besoin d’un résultat, quel qu’il soit, pour l’apaisement de la société. Toute tentative d’établir un lien ou une relation entre la Tchétchénie et les [frères] Tsarnaev, s’ils sont bien coupables, seraient vaine. Ils ont grandi aux Etats-Unis, leurs caractères et leurs croyances se sont forgés là-bas. Il faut chercher les racines du mal aux Etats-Unis. Le monde entier doit combattre le terrorisme. Nous le savons mieux que quiconque. Nous souhaitons un prompt rétablissement à toutes les victimes, et partageons le chagrin des Américains. #attentat #Boston #enquête ».
Les « suspects » des réseaux sociaux
A peine les attentats de Boston s’étaient-ils produits que les réseaux sociaux décortiquaient l’événement, relayant photos et vidéos de blessés et de secouristes, comme on vous le rapportait ici. Le lendemain, à l’image de l’enquête menée par des internautes autour de l’affaire Xavier Dupont de Ligonnès, d’apprentis détectives s’échangeaient déjà des informations sur les attentats avec pour objectif de retrouver le coupable, déclenchant la plupart du temps de folles rumeurs, et pointant du doigt les mauvais suspects:
1) Parce qu’il est porté disparu depuis un mois, qu’il est d’origine indienne, qu’il serait dépressif et que plusieurs internautes voient une ressemblance physique avec la photo du suspect
n°2 dévoilée par le FBI, Sunil Tripathi, étudiant de 22 ans, est pendant un temps présenté sur les réseaux sociaux (et notamment sur le site communautaire Reddit) comme le possible coupable de l’attentat.
2) C’est aussi le cas de Salah Eddin Barhoum, un Américain d’origine marocaine âgé de 17 ans, et d’un ami à lui, qui se sont retrouvés en une du New York Post sous le titre: « BAG MEN: Feds seek these two pictured at Boston Marathon » (« Les hommes au sac à dos: les fédéraux recherchent ces deux hommes pris en photo au Marathon de Boston »). D’après le site d’informations Gawker, la rumeur est partie des réseaux sociaux, et notamment d‘un fil de discussion sur Reddit. Mauvaise pioche: Salah Eddin Barhoum et son ami sont seulement des ados du coin. Le premier, terrifié, s’est rendu à la police afin de se défendre de toute implication dans l’attentat.
3) Autre « suspect » favori des internautes: le « man on the roof » ou « l’homme sur le toit », soit la silhouette d’un homme perché sur un toit pendant le marathon prise en photo par Dan Lampariello, un Bostonien. Le cliché a circulé sur Twitter pendant des heures, chacun se demandant qui pouvait bien être ce mystérieux type, avant que certains rappellent qu’à Boston beaucoup de gens assistent au marathon depuis les toits.
C’est le FBI qui a en partie déclenché cette course au suspect en demandant à tous ceux ayant assisté au Marathon de remettre leurs photos et vidéos aux autorités. Une immense collecte d’informations grâce à laquelle les agents ont pu mettre le doigt sur deux suspects: les frères Tsarnaev.
Hashtag #Watertown
Une fois Tamerlan et Dzhokhar Tsarnaev déclarés principaux suspects de l’attentat par le FBI, les internautes ont abandonné leurs enquêtes pour dénicher des infos sur les deux hommes et relayer la traque aux quatre coins d’Internet. Par exemple, sous le hashtag #watertown, des riverains du quartier de Watertown à Boston, où s’était réfugié Dzhokhar Tsarnaev, ont posté des photos montrant le dispositif de police mis en place pour le retrouver.
Un autre internaute a posté une vidéo montrant un échange de tirs à Watertown.
http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=796UFHldHM4
@J_tsar: le compte Twitter d’un des deux suspects
Comble de l’histoire: un des deux suspects était lui aussi actif tout au long de la semaine sur Twitter via le compte @J_tsar Le 17 avril, soit deux jours seulement après les attentats, Dzhokhar Tsarnaev tweetait :
(« je ne suis pas un mec qui stresse »)
Le jour même, il citait les paroles d’un morceau interprété par Bobby « Blue » Bland et samplé par Jay-Z sur un titre de son album American Gangster:
(« Il n’y a pas d’amour dans le cœur de la ville, restez en sécurité »)
Deux jours plus tard, il reprenait des paroles de Forgot Dr Dre d’Eminem et Dr Dre.
(« aujourd’hui, tout le monde veut parler comme s’ils avaient quelque chose à dire mais rien ne sort lorsqu’ils bougent les lèvres, juste un tas de charabia »).
Le 16 avril, « Jahar » faisait une référence directe aux attentats. A un twittos postant une photo montrant un homme penché sur une femme à terre, accompagnée d’une légende expliquant que l’homme découvrait son amie, qu’il s’apprêtait à demander en mariage, morte, le suspect a répondu: « fake story » (« fausse histoire »).
Le fail Zooey Deschanel
Soudain, entre deux tweets sur la chasse à l’homme de Boston apparaît le nom de Zooey Deschanel, actrice (New Girl) et chanteuse (She & Him) américaine. Que vient-elle faire là dedans ? D’après les captures d’écran postées un peu partout, Fox News aurait fait une belle gaffe en diffusant le nom de Deschanel comme principal suspect de l’attentat. L’actrice/chanteuse s’est empressée de relever le fail :
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