Dans le Spécial Sexe 2015 des Inrocks, on évoquait le jeu indépendant Hurt Me Plenty, où l’on fessait son partenaire masculin. Son créateur newyorkais Robert Yang en a d’autres sous le coude, tous gratuits, sur son site debacle.us. Stick Shift (la branlette du levier de vitesse dans sa voiture, soit un rêve pour le Nicolas […]
Dans le Spécial Sexe 2015 des Inrocks, on évoquait le jeu indépendant Hurt Me Plenty, où l’on fessait son partenaire masculin. Son créateur newyorkais Robert Yang en a d’autres sous le coude, tous gratuits, sur son site debacle.us. Stick Shift (la branlette du levier de vitesse dans sa voiture, soit un rêve pour le Nicolas Winding Refn période Drive) ou Succulent (la succion équivoque d’un esquimau glacé sur fond de hiphop) ont en commun d’être ouvertement gayfriendly, petits certes, mais drôles et futés. Il ne s’agit pas d’y gagner ou perdre mais d’y explorer le consentement et le regard de l’autre, au risque de la gêne – ce sentiment tabou pour le joueur.
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Des jeux politiques donc, dont Cobra Club est l’exemple le plus acéré : le joueur doit prendre une dick pic, une photo de son pénis – on vous rassure (?), c’est le pénis de votre avatar, devant le miroir de sa salle de bains. On peut passer un long moment à cadrer, ajuster l’érection, changer sa couleur de peau ou appliquer des filtres façon Instagram. Sur le narcissisme, la mise en scène de soi ou la customisation en jeu vidéo (mon guerrier pour World of Warcraft sera-t-il un nain ou un orque ? En bleu, en noir ?), Cobra Club dit tout en quelques clics. Et louche vers Grindr en permettant de chatter avec d’autres photographes en herbe (virtuels, générés par le jeu), pour comparer ses clichés.
Y jouer avec internet connecté ajoute un sel supplémentaire : le rappel que Cobra Club a été inspiré par l’interview d’Edward Snowden au Last Week Tonight de John Oliver en avril 2015, où le lanceur d’alertes évoquait l’échange en ligne de dick pics comme dernier bastion de la vie privée dans un monde fliqué par la NSA. Comme le rappelle Yang sur son site, ce pénis virtuel “appartient à tout le monde et à personne à la fois. La dick pic est peut-être elle-même la démocratie”.
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