Pour le grand public, le nom de John McAfee reste associé à juste titre au très célèbre logiciel anti-virus qu’il a crée dans les années 80. Mais il a depuis eu mille vies, impliquant des accusations de trafic de drogue, de la politique et des bitcoins. Alors que ce génie fou revient dans le monde informatique, l’occasion est venue d’évoquer sa vie mouvementée.
John McAfee est né au milieu des années 40 au sein d’un foyer middle class au Royaume-Uni avant que sa famille ne déménage dans l’état de Virginie aux Etats-Unis, peu de temps après. C’est là qu’il vit une enfance misérable à la merci de son père alcoolique, qui le bat régulièrement, lui et sa mère. Il n’a que quinze ans, lorsque son père met finalement fin à ses jours, une perte qui l’a naturellement traumatisé comme il le racontait à Wired en 2012 :
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« Tous les jours je me réveille avec lui. Dans toutes les relations que j’ai il a sa place. Il est à l’origine de tous mes doutes, ma vie est foutue. »
Malgré une adolescence très difficile il rentre à la fac en Virginie et poursuit ses études jusqu’à l’obtention d’un doctorat en mathématiques en 1968 à la Northeast Louisiana State College.
Il devient ingénieur et s’installe à la Silicon Valley au début des années 70 où il bosse pour plusieurs compagnies comme General Electric, Siemens ou Xerox tout en expérimentant régulièrement l’acide, le LSD et la cocaïne.
Les années 80 : le turning point
Au début des années 80, McAfee se fait virer par Omex, la société pour laquelle il évoluait en tant que directeur, et sa femme de l’époque le quitte peu de temps plus tard. Face au mur, il décide de suivre une thérapie et d’arrêter radicalement les drogues. Quelques années plus tard, en 1986, sa vie prend un tournant majeur avec l’apparition du premier virus informatique nommé Brain. Fasciné par cette nouvelle problématique, il monte un an plus tard sa société McAfee Associates dans le but de créer un programme antivirus qui serait intégré aux ordinateurs des grosses corporations. Pari réussi de la part du génial entrepreneur : au bout de seulement cinq années d’existence, l’entreprise engrange un chiffre d’affaires de 5 millions de dollars par an.
Mais c’est l’arrivée d’un second virus en 1992, Michelango qui fera définitivement de John McAfee un homme (très) riche. Grâce à sa verve sans pareille et son pouvoir de persuasion, fortement nourris par ses délires paranoïaques, il parvient à effrayer l’Amérique entière sur ce nouveau danger informatique. Face à une demande exponentielle de ses logiciels, la compagnie multiplie de manière significative ses ventes, puis rentre en bourse. A l’octobre 1992, elle est cotée à 80 millions de dollars. Deux ans plus tard, c’est le jackpot : McAfee vend ses parts pour 100 millions de dollars.
Pendant les années 90 et durant une bonne partie des années 2000, le prodige parano vit une vie relativement classique d’homme fortuné : il donne des lectures à Stanford et se balade entre ses résidences du monde entier. Mais au moment où la crise économique frappe en 2008, sa vraie nature reprend le dessus.
Belize, les antibiotiques, les armes et la politique
A la fin des années 2000, John McAfee change de vie de manière drastique et s’établit dans la jungle de Bélize.
Dans la même logique que son fameux logiciel antivirus, McAfee se passionne pour les antibiotiques, destinés à combattre les bactéries. Il met donc au point avec la chercheuse Allison Adonizio un laboratoire destiné à la mise au point d’antibiotiques alternatifs en pleine jungle.
Mais les choses se corsent rapidement : en 2012 le ‘’Gang Suppression Unit’’, une force d’élite de Belize entrainée en partie par le FBI débarque dans son énorme propriété, soupçonnée d’accueillir un énorme trafic de drogues. Il est détenu provisoirement en prison pour possession d’armes illicites puis relâché faute de preuves l’incriminant d’un quelconque trafic. Seulement quelques mois plus tard il est à nouveau soupçonné par la police d’avoir assassiné son voisin ! Une fois de plus, l’ancien boss de la Silicon valley nie en bloc.
Après ces quelques péripéties, McAfee aurait pu la jouer low profile mais il a procédé exactement à l’inverse. Il a depuis à nouveau été arrêté pour conduite sous l’influence de produits illicites et il a surtout fait parler de lui en automne 2015 lorsqu’il a annoncé vouloir se présenter aux élections présidentielles américaines avec la volonté de créer son propre parti, le « Cyber Party ». Il a finalement voulu concourir au sein du parti libertarien mais a perdu au profit de Gary Johnson.
Tel un vieux lion jamais à cours de combat, il est aujourd’hui à la tête de MGT Capital Investments qui se lance dans le business du bitcoin et de la cybersécurité.
John McAfee, aussi mystérieux qu’increvable ….
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