L’électronicien anglais le plus languide et apaisant de l’année.
Depuis des remixes pétillants pour Bloc Party, Little Boots ou Simian Mobile Disco et surtout un maxi, You, qui a fait rêvasser l’Angleterre tout l’été, la tête de Gold Panda était mise à prix. On sait désormais que c’est un jeune producteur de l’Essex qui se cache derrière cette fourrure et qu’il possède effectivement des doigts d’or.
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Car là où tant d’autres n’utilisent leur arsenal électronique qu’à des fins belliqueuses ou débauchées, Gold Panda est un homme de paix et de sensualité – une zénitude sans doute pas étrangère à ses études en langues orientales, où son obsession pour le Japon l’avait guidé. Ç’aurait pu être l’Amérique qui, depuis quelques années, s’est fait une spécialité de ces songes électroniques à la fois lumineux et spleeniens, oniriques et tourmentés.
Quelques impudents, des geeks visiblement obsédés par le rangement de toute chose dans des classeurs rassurants, ont tenté d’enfermer cette musique si fuyante, si évasive, si immatérielle dans une petite boîte, avec l’étiquette chillwave dessus : peine perdue, dérisoires efforts. On n’enferme pas ainsi les merveilleux Washed Out, Small Black, Toro Y Moi, Neon Indian ou Memory Tapes dans un espace resteint, eux dont la musique a justement pour but de repousser les murs, d’écarter la vision.
Et éventuellement de faire danser : dans un hamac, sur les bords d’un lac e mercure. B.O. officielle des siestes friponnes, Lucky Shiner se danse ainsi, hérité de la house la plus languide et ralentie, à deux doigts de l’arrêt sur image : un bpm de moins, et il plongeait l’auditeur dans la narcose béate, radieuse. Mais cet album est trop riche en rebondissements astucieux, en dynamiques douillettes, en mille petites secousses telluriques dans les hanches pour se contenter de jouer la nature morte : sans un mot, tout en suggestions et impressions, il raconte des histoires riches et captivantes – soit une forme mutante et fluctuante de pop music, déjà testée à Londres par Four Tet ou Darkstar.
La force de Gold Panda reste, avec ses beats étouffés, une sérénité exubérante : même si la mélancolie se glisse souvent ici entre une guitare pastorale et un synthé de conte de fées, Lucky Shiner ignore tout des ombres et tensions, campant béat sous un soleil hypnotique, bienveillant. Attention : l’exposition régulière à Same Dream China ou Snow and Taxis peut provoquer le bonheur.
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