Le réalisateur et journaliste de mode Loïc Prigent a décrypté dans un documentaire les dérapages et coups d’éclats les plus croustillants de la micro-sphère mode : des zizis à l’air des mannequins Rick Owens au défilé « inspiration clochard » de Dior en passant par le scandale de la mini-jupe dans les années 60… À voir samedi 23 juillet sur Arte, dans le cadre du « Summer of Scandals »
Scandales de la mode, le nouveau documentaire de Loïc Prigent, s’ouvre sur une vautre mémorable : celle, tête la première sur le catwalk, de la mannequin Jessica Stam lors du défilé Chloé en 2006, comme une métaphore…
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« La mode avance par le scandale »
Pour Arte, Prigent, décrypteur de défilés à l’oeil ultra-acéré et twittos assidu, s’est cette fois replongé dans les archives de ces dernières décennies pour retrouver et commenter les scandales les plus savoureux et/ou navrants qui ont agité l’univers impitoyable de la mode.
Son postulat : « La mode avance par le scandale, elle cultive l’opportunisme, elle adule les divas, elle est plus capitaliste qu’un banquier. » Que ce soit à coup de provocations qui tendent à faire réagir, dans de tristes égarements ou bien avec des réels dérapages condamnables, la mode n’a de cesse de repousser les limites du « politiquement correct » et de la bienséance de son époque pour faire évoluer les codes, pour commenter l’actualité, pour faire vendre ou pour simplement divertir.
https://www.youtube.com/watch?v=Cnmb7begB9Y
Le tempo est sur-vitaminé, comme toujours avec Loïc Prigent, et les scandales s’enchainent vitesse grand V. Dans ce docu’, « Scandales » rime avec morale, nudité, argent, justice, black face, provocation, violence, maltraitances animales, jeunesse, insolence et même bain de sang.
Pas de Kate Moss
On (re)découvre par exemple les propos grinçants d’une Coco Chanel en rupture avec son époque – « les femmes sont bêtes. […] Dans le monde, trois femmes sont importantes, pas plus. » Ou encore Naomi Campbell paradant en robe du soir Dolce et Gabbana pour se rendre à ses travaux d’intérêts généraux, tandis que des manifestants anti-fourrures se font plaquer au sol par les colosses en costard de la sécu’ des défilés.
Plus récemment, on retrouve Rick Owens faisant défiler ses mannequins le zizi négligemment à l’air. Une manière bien à lui de revendiquer l’égalité hommes-femmes.
Si « Scandales de la mode » est un documentaire truffé d’anecdotes qui font sourire il rend aussi compte des avancés sociétales qui entrent directement en résonance avec la mode. On découvre l’histoire de la légalisation du port du bikini puis du monokini dans une France encore très prude ou encore le portrait d’Oliviero Toscani à qui on doit les publicités politico-engagées et choc de Benetton.
Cette photo d’un père au chevet de son fils mourant, David Kirby alors atteint du SIDA – publiée dans Life puis reprise par la marque de vêtements – sera une de ses campagnes qui marquera l’histoire de la publicité de mode.
Grande surprise au milieu de ce raz-de-marée de gossips, Kate Moss passera l’air de rien entre les mailles du filet des « Scandales de la mode ». Aucun focus ne sera fait sur le scandale des photos de la brindille, coke plein le nez, qui a connu un lynchage médiatique suivi d’un retour glorieux sous les feux des projecteurs. C’est à peine si son nom est mentionné du bout des lèvres…
La mannequin Kate Moss surprise en train de « sniffer » une ligne de coke, septembre 2005
John Galliano en revanche se fait tailler un beau costard par le réalisateur qui ressort l’affaire de ses propos antisémites, ses addictions multiples ou ses apparitions médiatiques perchées… Le voilà d’ores et déjà rhabillé pour l’hiver…
Scandales de la mode à voir samedi 23 juillet à 22h35. Le documentaire se décline aussi sous la forme d’une série (6x10mn), diffusée chaque dimanche du 17 juillet au 21 août.
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