Bionique et tonique, du rock de synthèse qui s’attaque aux pieds : dansez. Critique et écoute intégrale.
Bien qu’il ne fasse pas bon s’appeler Dame Nature depuis belle lurette, force est de constater que la collection printemps-été 2010 de crimes contre la biodiversité est partie pour battre des records : multinationales du pétrole s’étonnant que la mauvaise manipulation d’un kit de petit chimiste géant puisse défigurer les littoraux, oléoducs nigérians se rompant telles des carcasses de victimes d’ostéoporose, glas du fret ferroviaire de proximité au profit de poids lourds qu’on rêve remisés au rang d’accessoires pour un remake d’Over the Top…
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Et voilà que par-dessus le marché de jeunes bordelais, plutôt que de produire sagement du pinard en priant Saint-Vincent, rejoignent la curée avec un album titré Challenging Nature. Le pire, c’est qu’il faut s’en réjouir. Parce que les oscillations de claviers eighties de Hundred Years Later, à faire passer les aquarelles pixelisées de Kavinsky pour de bêtes remixes du générique de Supercopter, valent tous les chants du cigales du monde. Parce qu’il faudrait être cinglé pour préférer, en guise de réveil, la lumière diaphane d’une aurore finnoise au phrasé new-wave et aux beats à retardement de Hour of the Wolf.
Et ne parlons pas du romantisme à reverb d’Attraction, des rythmes discoïdes de Gravity Train ou des guitares lunaires de l’immense Julien, Julie : en comparaison, la Plastic Beach de Gorillaz ressemble à une réserve écologique. Mais le plus troublant dans l’histoire, c’est qu’aucun avocat de la vie en vert n’a vu venir cette véritable bombe salée, alors que ça fait bien cinq ans qu’Adam Kesher travaille à l’élaboration d’un rock de synthèse racé et remuant comme peuvent l’être les meilleurs productions DFA.
Mission enfin accomplie avec ce troisième effort bourré de refrains adhésifs et d’arrangements derniers cris, auquel il ne manque qu’un lot de logiciels cérébraux et modifications bioniques pour mieux le danser. Le retour à la terre attendra.
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