Ce week-end, le Parc Floral de Paris a dansé, avec la nouvelle édition du Peacock Society festival, organisé par We Love Art. Ce rendez-vous immanquable pour les amateurs de musique électronique a tenu ses promesses, avec une programmation irréprochable et les performances jubilatoires de Laurent Garnier, Four Tet, Pantha du Prince ou encore Kiasmos.
On a des poches sous les yeux, mais on dormira plus tard. La Peacock l’a prouvé ce week-end, c’est un vrai festival de musique électronique. Sur trois jours, il fait le tour de ce qu’on peut aujourd’hui entendre dans le milieu. Sa force, un large panel de 55 artistes, de la techno abrupte à l’électro organique. En débarquant au Parc Floral, on se croirait dans un Packard rénové. Trois scènes se partagent les 36 000 festivaliers venus tâter du bpm.
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Photo Jacob Khrist
Le premier soir, Bicep fait parti des ouvreurs de bal. Le duo irlandais n’a pas de gros bras, mais sa techno est musclée. Plus loin, l’allemande Helena Hauff assène des sons tape à l’oreille, d’une violence séduisante. Ambiance.
Les mélancoliques
Dans la programmation se sont glissés des artistes qui nous ont plongé dans une joyeuse mélancolie. Pantha du Prince est de ceux-là. Le trio assure un set minimal d’une heure, terrain privilégié des allemands. Au-delà du son, c’est une performance artistique qui est soigneusement livrée. Costumes, masques réfléchissants, les visages des trois garçons sont fermés, le public exulte. Un set fort de ses transitions hyper léchées et de la voix somptueuse et impénétrable de Scott Mou.
Dans un registre similaire, David August a traité avec douceur le sound system. Pas simple, avec un auditoire tout juste arraché à Laurent Garnier. Mais le dj allemand assure un live deep house bien rodé. Pour les déserteurs, c’est une option roumaine qui s’offrait sur la scène du squarehouse.
Barac, avec son air de gros nounours, tout sourire aux platines, est l’une des stars discrètes de l’événement, et a rendu un set d’une heure et demi, progressif et sans à-coups.
Papa Laurent
Samedi soir, c’est le cœur lourd que nous arrivons à Vincennes. Le terrible attentat de Nice en tête. Dans les discussions, on parle de sa cousine « qui aurait pu y être« , de son incompréhension, des sorties politiques écoeurantes qui ont rythmées la journée. C’est à Laurent Garnier que revient la tâche de remettre les cœurs en fête.
Pendant un set de quatre heures, il a fièrement relevé ce défi. A 50 ans, le dj français fait toujours son effet à en croire la foule, en train de scander à gorge déployée son prénom. Un des points culminants de son set, lorque retenti Promised Land du producteur américain de House Joe Smooth, juste après avoir chauffé l’auditoire sur le classique I feel love de Donna Summer.
Photo DR
Le coup des maîtres, Kiasmos
Bonsoir tristesse. A 23h45 samedi, sur la scène warehouse, c’est le début d’une heure de transe collective avec le duo qui nous a mis la plus grande mandale musicale du festival. Un set techno minimale et expérimentale, majoritairement construit à partir de l’EP Looped sorti en 2015. Dans le public, on ferme les yeux, on ondule des bras, on se laisse happer par la mélancolie sublime qui définit la musique d’Ólafur Arnalds et de Janus Rasmussen. Ces deux-là sur scène, ressemblaient à de grands enfants, entre éclats de rires, rondes autour des platines et jeu de clap avec le public.
Vendredi soir, on a eu le droit a plusieurs sets festifs. Derrière ses platines, SBTRKT fait colosse. Pour l’occasion, Aaron Jerome a sorti le masque. Son entrée en matière, un classique des LCD Soundsystem, Daft Punk Is Playing At My House.
Entre ses différents morceaux, SBTRKT a fait beaucoup, mais alors beaucoup, de places aux collègues. Tame Impala, Vic Mensa, Francis And The Lights… Mais surtout un quasi-hommage à James Blake en passant en intégralité Timeless et Radio Silence. Une des seules fois où il s’adressera à la foule sera d’ailleurs pour lui dire, “You guys do like James Blake right?”
Kieran Hebden, lui, était énervé samedi soir. Ou peut-être s’ajustait-il à l’évènement, en tapant plus fort. Comme a son habitude, Four Tet a livré une heure et demi de plaisir auditif, avec un set parfaitement construit, entre grosses envolées techno et ballades électroniques.
Comme a son habitude, aussi, le compositeur anglais a glissé son morceau surprise. On avait eu le droit à Justin Bieber au Pitchfork, Rihanna au Field day, cette fois il se la joue smooth rn’b avec Almost Doesn’t Count (1999) de la chanteuse américaine Brandy.
Photo DR
Pendant trois jours, ce sont 36 000 personnes qui sont venues danser, chanter, s’embrasser, boire, rire, s’amuser et taper du pied. Cette Peacock a été une joyeuse fête: merci et à l’année prochaine.
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