Après qu’un camion a tué plus de 80 personnes à Nice jeudi 14 juillet, le hashtag #PortesOuvertesNice a été utilisé plus de 385 000 fois sur Twitter pour mettre en relation des habitants qui souhaitaient héberger des inconnus dans le besoin. Nous en avons contacté plusieurs, qui ont été peu sollicités malgré le grand nombre de partages de leurs messages.
Hanna habite à moins de dix minutes à pieds de la Promenade des Anglais, à Nice. Vendredi 15 juillet sur les coups de minuit 20, elle poste un tweet : « Avenue Gallieni à 10 minutes de la prom, 5 minutes du vieux-nice ! Venez si besoin ! #PortesOuvertesNice ». En quelques heures, il sera retweeté plus de 1600 fois.
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Avenue Gallieni à 10 minutes de la prom, 5 minutes du vieux-nice ! Venez si besoin ! #PortesOuvertesNice
— Hanna A-B (@Hannaksd) 14 juillet 2016
Moins de deux heures plus tôt, un camion blanc a foncé dans la foule amassée sur la très fréquentée « Promenade » au sud de Nice pour les célébrations du 14 juillet. A 11h vendredi, la préfecture de police faisait état de 84 morts et au moins 18 blessés.
#Nice : cartographie du déroulé de l’attentat. Suivez le live sur @lemondefr https://t.co/R1fJaSE3VQ pic.twitter.com/04xs270f6B
— Le Monde en cartes (@LM_enCartes) 15 juillet 2016
« Après la fin du feu d’artifice vers 22h30, J’ai commencé à marcher vers la baie des anges [à l’est de la Promenade] », explique l’étudiante de 19 ans aux Inrocks par téléphone. « Comme on était au bout de la promenade, les gens ont commencé à courir tardivement, cinq minutes après tout le monde. » Hanna rentre alors chez elle, « un 70 mètres carrés » où elle habite avec son père. « Ce n’est pas très grand mais on était prêts à accueillir jusqu’à 10 personnes ». La jeune femme envoie un gazouillis en pensant aux personnes en état de choc qui se trouvaient sur la Promenade, notamment les « touristes qui ne parlent pas bien français ».
« Ça m’a semblé normal, vu que j’habite juste à côté. J’ai juste mis le nom de ma rue, car elle est très grande et on peut arriver des deux cotés, du Vieux-Nice ou de la place Masséna. »
Malgré le grand nombre de partages de son message sur Twitter, la jeune femme n’a pas été contactée par des inconnus. Elle a finalement accueilli chez elle deux membres de la famille ainsi qu’une amie.
Près de 400 000 utilisations de #PortesOuvertesNice
Le constat est le même auprès de la demi-douzaine d’internautes que nous avons pu contacter, qui avait proposé d’accueillir des personnes dans le besoin à Nice jeudi soir. Si leurs messages ont été beaucoup partagés, aucun n’a été contacté directement par d’autres internautes. Pourtant, le mot-dièse #PortesOuvertesNice, initié par le compte Twitter du journal Nice Matin dès 23h20, a été utilisé plus de 386 000 fois en 12 heures.
Si vous cherchez un lieu pour vous mettre à l’abri utilisez le #PortesOuvertesNice
— Nice-Matin (@Nice_Matin) 14 juillet 2016
« Je n’ai pu qu’être solidaire », raconte Fabien, un des internautes qui a utilisé le hashtag pour proposer son aide. Il a également assisté au feu d’artifice avant de rentrer chez lui et d’apprendre ce qu’il s’était passé. « J’habite à 1km de l’hôpital Lenval, là où le terroriste a commencé son carnage. »
inter
Ogulcan, étudiant en design à Nice, était en voiture avec sa mère au moment où le camion a commencé à renverser des passants sur la Promenade des Anglais. « Il y a avait plusieurs corps sur le sol, la police et les pompiers étaient autour. Des gens qui étaient sur la plage remontaient et couraient dans tous les sens », écrit-il aux Inrocks.
« A la vue de tout les gens dans les rues qui couraient et hurlaient et ne savaient pas où aller (sachant qu’une grande partie devait en plus être des touristes qui ne connaissaient pas la ville) je me suis dit que ça pourrait peut être aider ou même sauver certaines personnes. »
Il poste alors « plusieurs tweets pour proposer à des gens pouvant être dans le besoin de les héberger ». « Mais je n’ai reçu aucune demande », précise-t-il.
Si quelqu’un a besoin n’hésitez pas contactez moi, À Nice Ouest #PortesOuvertesNice
— OG (@OYNMF_) 14 juillet 2016
Vendredi 15 juillet au matin, Sid était quant à lui toujours dehors. Cet Espagnol qui a acheté une maison de vacances à Nice a passé la nuit à apporter « de la nourriture et des bouteilles d’eau » aux passants dans la rue, après avoir été réveillé sur les coup de minuit par sa petite-amie qui lui a appris la nouvelle. Bien qu’il ne parle pas bien français, il a tweeté ces quelques mots : « #PortesOuvertesNice me contacter si vous avez besoin d’ un endroit pour rester. Le centre de Nice ».
Comme les autres, il n’a pas reçu de demandes, mais a préféré sortir pour porter assistance à ceux qui en avaient besoin, notamment quelques touristes ou des Français anglophones.
« La majorité des gens était choqués, ils pleuraient, il avaient peur. Certains étaient énervés (…) Ce matin les gens sont moins paniqués. Mais il y a énormément de véhicules de secours dans la ville », nous précise-t-il.
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