Retour solitaire mais pas toujours humble du leader des Killers.
Flowers, ça sent pas toujours la rose. Critique et écoute.
Pendant longtemps, on n’a pas vraiment entendu les chansons de Brandon Flowers : enfermées entre les colossaux murs du son de ses Killers, elles disparaissaient. Elles étaient davantage son que chansons : un grand souffle épique qui gonflait en baudruche des refrains qu’on a régulièrement soupçonné de grande classe, comme sur tous ces Mr. Brightside, When You Were Young ou Somebody Told Me, emmaillotés dans la grandiloquence, la surproduction.
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Un album solo, pensait-on naïvement, serait pour l’Américain un moyen de mettre ses refrains à la diète. Mais Brandon Flowers a grandi à Las Vegas, pas forcément connu pour l’humilité de ses ornements ni pour ses restrictions d’électricité. La grosse différence n’est donc pas les cordes de son arc, déjà recensées – une voix qui minaude puis clame sur des refrains claquant comme oripeaux en pleine tempête –, mais la cible de ses flèches : un public nettement moins indie-rock, plus adulte, plus Américain moyen.
Dans le vocabulaire courant de ces chansons, on évoque ainsi beaucoup moins les fantasmes anglais de Flowers (The Smiths, Joy Division…) et beaucoup plus des idiomes franchement yankees, de Tom Petty à Dylan ou Springsteen, même. Seule constante : l’influence de Bono, même si là aussi, c’est plus le U2 américanophile de The Joshua Tree que celui, exalté et naïf, d’October, qui sert de matrice à ces mélodies taillées pour les autoradios et les highways.
Les conducteurs pourront même taper du poing sur le plafond du pick-up en faisant “Ouuuuuh” (étrange coutume, mais signe de joie, nous ont appris plein de films) quand débouleront les ampoulés Crossfire ou Only the Young. Ce recours systématique à l’emphase est d’autant plus frustrant qu’en quelques occasions (le solennel Swallow It, par exemple) Flowers prouve que ses chansons n’ont pas besoin de ces artifices, de cette pyrotechnie. Mais bon, une chanson s’appelle Playing With Fire : ça explique le côté pompier.
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