A Marseille, une exploration des figures et des visions de l’absence par l’artiste française Françoise Pétrovitch.
Etendue sur le sol, une jambe repliée, les mains simplement posées sur le ventre, une jeune fille au visage pâle, contrastant avec le bleu de son pull, semble égarée dans des rêveries. Peut-être s’est-elle endormie, peut-être revient-elle à la vie ; un oiseau (de mauvais augure ?) veille à ses côtés.
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Cette toile, aux traits épurés, capte le regard dès l’entrée dans la grande salle du magnifique Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui expose, sous le titre S’absenter, les peintures, dessins et vidéos de l’artiste française Françoise Pétrovitch.
Visages des adolescentes endormies
De salle en salle, les figures de l’absence flottent partout, au son de l’eau qui coule, comme l’indice possible du temps qu’on fuit en vain. Suspendues au-dessus du temps comme du sol, les toiles de l’artiste portent indiciblement les traces de cette volonté de s’absenter de soi-même, comme on abandonne parfois son corps.
Les visages des adolescentes endormies et inquiètes se fondent dans des paysages vidés de tout effet de présence ; même les petites villes deviennent des villes-fantômes, comme celle que l’artiste filme dans une installation captivante où seuls ses dessins en devanture de magasins abandonnés confèrent un sentiment de vie.
Entre rêverie et cauchemar
L’absence ici figurée est ainsi toujours secrètement habitée : les spectres qui circulent dans le monde en suspension de Françoise Pétrovitch oscillent entre le motif du dessin et l’horizon de la fin, entre le monde animal et le règne végétal. Entre rêverie et cauchemar, image et sonorité, sauvagerie et douceur, l’artiste puise dans l’imaginaire de l’adolescence l’inspiration pour transfigurer les objets perdus qui définissent l’absence.
A la mesure du flottement de la conscience au moment de l’endormissement, les œuvres délicates de Françoise Pétrovitch procurent ce sentiment d’inquiétante étrangeté dans lequel on voudrait s’éterniser, comme s’il promettait en retour la clarté du jour.
S’absenter jusqu’au 30 octobre au Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur, Marseille (et aussi au Château de Tarascon et à l’Espace pour l’art à Arles), fracpaca.org
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