Les membres du collectif flamand FC Bergman reconstruisent la fameuse salle Rubens du musée des Beaux-Arts d’Anvers pour y exposer le paysage éclectique de leurs affinités artistiques.
La traversée d’un sombre sas et le passage par le seuil d’une haute porte à l’huis habillée de boiseries suffisent désormais pour se rendre dans la salle Rubens. Un immense volume coiffé d’une verrière, un écrin habillé de velours défraîchi construit en 1890 pour abriter les plus grands formats du maître du baroque flamand Pierre Paul Rubens (1577-1640).
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Cette salle est aujourd’hui fermée pour plusieurs années à cause de la campagne de travaux décidée dans le cadre de la rénovation du musée des Beaux-Arts d’Anvers. Reproduisant la galerie à l’identique, le collectif FC Bergman en fait le décor et le point de départ d’une rêverie qui transforme la salle mythique en première vedette de leur création.
Refuge de la transgression ultime
En référence à cette contrée située à l’est d’Eden où Caïn s’exila après avoir tué son frère Abel, le spectacle titré Het Land Nod (Le Pays de Nod) réunit les six artistes qui composent FC Bergman. Et voici le musée désigné comme le refuge de cette transgression ultime qui est le propre de l’art. L’endroit rêvé pour laisser filer sans exclusive la ligne de tous les imaginaires. La pièce sans paroles s’articule alors sous la forme d’un collage de scènes toutes plus épiques les unes que les autres.
Tandis que l’on avance sur l’antique parquet à chevrons pour regagner nos places, on assiste aux derniers moments du déménagement des œuvres exposées là. Des manutentionnaires en gants blancs se préparent à sortir de la salle un tableau déjà emballé.
D’autres s’apprêtent à descendre Le Coup de lance, une toile immense représentant le Christ en croix à l’instant où son torse est percé d’un coup fatal. Quand l’équipe se rend compte que Le Coup de lance ne passera jamais par la porte, l’effarement du conservateur etsa détermination à trouver une solution nous vaut un hommage aux Marx Brothers.
Eloge de la culture
Dans un coq-à-l’âne qui puise à tous les styles artistiques, ce qui suit ose le grand écart entre l’irruption d’un danseur en smoking que n’aurait pas renié Pina Bausch et un clin d’œil à l’humour de Jean-Luc Godard quand il invente dans Bande à part le concours de celui qui visite le musée du Louvre en courant le plus vite.
Réunissant les fans de Ben Stiller dans La Nuit au musée de Shawn Levy et ceux des pièces de Christoph Marthaler, le FC Bergman a l’art de faire rire et d’émouvoir sans jamais tomber dans la dérision. Un éloge nostalgique de cette culture qui nous habite et s’avère tout aussi précieuse pour eux que l’air que l’on respire. Patrick Sourd
Het Land Nod (Le Pays de Nod) par le collectif FC Bergman, conception et jeu Stef Aerts, Joé Agemans, Bart Hollanders, Matteo Simoni, Thomas Verstraeten et Marie Vinck, du 13 au 23 juillet, Parc des expositions d’Avignon, festival-avignon.com
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