Avant d’électriser la plage de l’Alga de « Calvi on the rocks », nous avons été prendre le pouls de l’Impératrice. En marge de leur concert, le leader du groupe Charles de Boisseguin et Flore (la chanteuse) ont accepté de confier leurs premières impressions corses.
C’est la première fois que vous venez à Calvi on the rocks, quelles sont vos premières impressions ?
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Charles – Nous sommes arrivés juste avant la finale de l’Euro, donc ça ne commnençait pas trop bien (rires). Mais après avoir séché nos larmes, on a découvert l’ambiance incroyable de ce festival. Il règne une ambiance de vacances perpétuelle, le décor est vraiment magnifique.
Vous avez pu assister à quelques concerts ?
Charles – On a pu voir Doc Gynéco sur scène et c’était vraiment émouvant. Première consultation, c’est vraiment un disque culte que j’ai écouté durant toute mon enfance et le revoir sur scène procurait une émotion particulière. Que ce soit pour la qualité de ce disque ou du concert, j’ai vraiment adoré.
Flore – C’est malheureusement le seul concert que l’on a pu voir. Et puis de toute manière, c’était pas bien grave de louper Breakbot (programmé le même soir ndlr), on le connaît suffisamment pour avoir fait sa première partie.
Flore, comment as-tu rejoint le groupe ?
Flore – Ca s’est fait il y a un an. J’étais fan de l’Impératrice avant et j’avais chanté sur d’autres projets. Charles avait entendu ma voix et il m’a dit qu’il l’appréciait. L’alchimie entre nous s’est donc fait assez naturellement. J’ai fait des essais et lors du dernier EP, j’ai officiellement rejoint le groupe.
Vous êtes content de la réception de votre troisième EP ?
Charles – L’arrivée de Flore était un pari. La réception du 3eme EP a été étonnante car il y avait une empreinte vocale alors que je pronais tout le contraire jusqu’alors. Je voulais faire de la musique instrumentale et c’est la rencontre avec Flore qui a tout changé. J’ai toujours été fan de corn flakes et là paf, ça a fait des Chocapics.
Votre concert à la Gaîté lyrique a rapidement été complet, vous avez conscience d’avoir fait naître une grosse attente ?
Charles – Il y a un public grandissant qui nous porte. Notre public est fidèle alors que nous ne sommes pas un groupe qui a sorti un tube et que les gens connaissent grâce à ce morceau.
Vous travaillez désormais sur un album ?
Charles – On travaille sur la sortie d’un album. On va rentrer en studio à partir des mois de septembre et d’octobre mais nous sommes toujours en phase de composition.
Flore – Et puis nous avons une grosse tournée estivale avant. Nous avons été au festival Hello Birds d’Etretat, au festival Days Off de la Philarmonie et on sera bientôt au MIDI festival de Hyères.
Le clip de Vanille Fraise a dépassé les 200 000 vues. Comment vous en est venue l’idée ?
Charles – On a bossé avec une réalisatrice qui avait fait plusieurs projets notamment pour Isaac Delusion. Comme, nous avons un univers assez cinématographique et que le morceau Vanille Fraise est un morceau à part dans notre discographie puisqu’il s’agit d’un édit d’Anita Ward et de « Spoiled Your Love », on a voulu que le clip se raccroche à notre univers. La réalisatrice avec laquelle nous avons travaillé a donc choisi de faire un clin d’œil à Wes Anderson et aux Sorcières d’Eastwick de George Miller.
Vous avez été surpris par le succès de ce titre ?
Charles – C’est un morceau qui a dépassé le million d’écoutes alors qu’on l’a composé en une aprem. C’est un morceau qui nous a ouvert un public plus large et qui nous a permis de sortir notre troisième EP.
Vous considérez que vous avez toujours un public de niche ?
Charles – L’Impératrice reste un projet encore assez confidentiel. Nous ne sommes pas encore grand public même si nous avons quelques radios.
Votre prochain album sera toujours à la croisée du disco, du funk et de la French touch ?
Charles – Oui et d’autres choses que nous sommes en train d’explorer. On veut conserver une patte très cinématographique et un univers aussi érotique ne serait-ce que par le nom du groupe, l’Impératrice.
Quel est d’ailleurs l’origine du nom ?
Charles – Au départ, c’était l’idée d’exprimer des sentiments assez forts et assez féminins. Dans ma tête, je me représentais l’image d’une souveraine d’un empire musical idéal inspiré notamment de la French touch.
Flore – On essaye d’ailleurs conserver des paroles en français qui se prêtent plus à la sensualité que l’anglais.
Charles, tu as été journaliste culturel à Keith puis à Trax, comment juges-tu la critique musicale maintenant que tu es passé de l’autre coté de la barrière ?
Charles – Je trouve que le journalisme musical est de moins en moins prescripteur. Pas dans la qualité du traitement mais du fait que les gens vont moins se fier à ce qu’ils lisent dans les journaux. Internet et le streaming a tout bouleversé. Le système de playlist a explosé la manière dont on écoute et découvre la musique. Le public est davantage responsabilisé. Notamment le fait que si tu aimes un titre, on t’en proposera d’autres qui s’en rapprochent. Dans la critique musicale, j’ai l’impression que l’on s’enferme de plus en plus dans une lecture qui compare constamment les groupes à ce qui s’est fait avant. Je pense que l’on se trompe et que la musique devrait plus être portée sur l’humain que sur le concept. A savoir traduire des émotions. Nous, on fait une musique qui est fictionnelle, qui raconte des images, qui peint des paysages mais nous ne voulons pas enfermer les gens dans un style disco ou quoique ce soit. On veut balancer de l’émotion.
Flore – D’où l’importance du live. C’est beaucoup plus facile de transmettre des émotions aux gens quand tu les vois réagir à ta musique.
Vous répétez souvent que votre musique est cinématographique, quels sont les films qui vous servent d’inspiration ?
Charles – Pour rendre hommage à Michael Cimino, je citerai d’abord The Deer Hunter. Je trouve que c’est un film à multiples lectures. Contrairement aux apparences, ce n’est pas forcément un film sur la guerre du Vietnam. La phase où ils sont tous dans le bar au début et qu’ils dansent sur Can’t take my eyes off you est assez incroyable. C’est le moment où ils vont prendre une dernière cuite, c’est une belle parenthèse à l’intérieur du film.
J’aime beaucoup aussi les films d’horreurs de Daria Argento ou Carpenter ansi que les premiers films de Paul Verhoeven comme Turkish Delices. Globalement, j’aime beaucop l’atmosphère élégante et sensible qui se dégage des films des années 70. On en mettait pas plein à la gueule avec des BO pompeuses et lyriques.
Vous aimeriez bien composer la BO d’un film ?
Charles – Je pense que nous avons une musique très narrative donc on rêve de composer la musique d’un film. Mais ça serait soit un film érotique vraiment rétro soit un film d’horreur (rires).
Propos recueillis par David Doucet
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