A l’heure de sa révision aseptisée par David Yates, le mythe Tarzan nous revient à l’esprit, entre serials insouciants et superproductions modernes. D’une liane à l’autre, en voici huit incarnations emblématiques, entre sexualité sauvage et excès du corps-cartoon.
Imaginée du temps de la société industrielle par l’écrivain Edgar Rice Burroughs (Tarzan seigneur de la jungle, 1912), la beauté de l’imagerie Tarzan éclot en partie de son caractère pathétique : y sont dépeintes les déviances de la modernité, la vertu d’une pureté primitive que nous autres citadins ne possédons plus. Le gorille, comme l’ont également démontré Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack (King Kong, 1933), n’est en rien indissociable de la mélancolie. Ainsi les multiples Tarzan éparpillés au sein de la jungle cinématographique furent pour certains des acteurs éphémères, moins charismatiques que l’icone qu’ils sont censés incarner. Qui se souviendra par exemple de Gene Pollar, qui interpréta une seule fois l’homme-singe avant de reprendre par dépit son premier métier – pompier ?
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L’archétype surpasse l’acteur : à l’instar de James Bond, Tarzan est invulnérable, voire immortel, ce que démontrent ses diverses métamorphoses.
Entre entertainment hollywoodien facile venu d’un autre temps, fascination anthropologique pour l’animal sorti des cages des zoos, obsession pour l’étude des tribus étrangères (comme si chaque Tarzan pouvait être analysé par Claude Levi Strauss) et goût du voyage rappelant les effets stylistiques de la littérature orientaliste, cette franchise nous renvoie également aux velléités, plus modernes, tendance écolo, du survival. Comme dans le Délivrance de John Boorman, étendard du genre, l’homme, vêtu de ses fripes lourdes et de son attirail ostentatoire, est l’intrus d’une Nature menaçante (Tarzan est l’esprit de la forêt), propice à réduire à néant le conquérant occidental – fabulation développée par le même cinéaste dans le très tarzanien La forêt d’émeraude. Comme l’appuie la suivante sélection, cette dimension protéiforme se perçoit d’un visage à l’autre. Entre force implacable et discordance, le Tarzan de cinéma est à l’image de son cri guttural.
Elmo Lincoln – Tarzan chez les singes (1918)
https://www.youtube.com/watch?v=DWTA8pnyPiI
Elmo Lincoln remplace au pied levé Stellan Windrow, cascadeur envoyé au front dès l’entrée en guerre de l’Amérique. Acteur ambiguë au visage blanchâtre, évoquant de loin les traits de Bill Murray, Windrow s’inscrit dans l’histoire comme le premier vrai Tarzan officiel. L’acteur n’est pas un béotien des tournages, ayant déjà foulé du pied les plateaux des superproductions de D.W. Griffith (Intolérance). Avec sa tignasse généreuse serrée dans un bandeau de tennisman – par cette coiffure, le personnage en est presque féminin – Lincoln fait de Tarzan ce qu’il ne cessât d’être au fil des incarnations, de Johnny Weissmuller à Gordon Brix : un athlète. Le matriciel Tarzan chez les singes se révèle pourtant plus proche d’une farce macabre que d’une compétition glorieuse : au cours d’une séquence, Windrow enfoncera la lame de son couteau dans le buste d’un lion drogué, achevant la bête en un excès d’identification très Actor’s Studio, sous le regard horrifié d’Edgar Rice Burroughs. Quand le réel dépasse la fiction…
Au-delà de ces faits spectaculaires, ce Tarzan-là exprime toute la saveur serialisée de l’homme-singe, entre ficelles faciles et « cliffhangers », escapades rocambolesques nourris de clichés raciaux propres à l’ère esclavagiste et charme irréel de cette jungle de cinéma en carton-pâte. Comme si le geste inconscient de Windrow synthétisait l’univers de Tarzan sur grand écran, entre gravité d’un réel ne cessant de démontrer la bêtise de l’homme (atmosphère de safari, époque des trophées de chasse) et légèreté de la fiction désuète, de l’artifice et de l’accessoire – Windrow ressemblant davantage de par son maquillage et sa coiffure bouclée à un acteur exubérant de théâtre qu’à un Roi de la Jungle.
Johnny Weissmuller – Tarzan l’homme singe (1932) – Tarzan et les Sirènes (1948)
Alors que l’Amérique subit de plein fouet la Grande Dépression, Weissmuller, lui, fait des prouesses dans le grand bain. Champion olympique de natation à cinq reprises, le sportif adopte en 1932 le rôle d’une vie. Un avatar définitif, qu’il est rétrospectivement aisé de comparer au cas Schwarzenegger, autre figure athlétique qui a su tourner ses limites de comédien à son avantage en élaborant un véritable grammaire de la musculature (Conan le Barbare, 1982). D’ailleurs, si Weissmuller est engagé par la MGM, c’est, entre autres, parce que Clark Gable n’était pas assez musclé. Que retenir des douze Tarzan de Weissmuller ? Peut être l’un des volets les plus boiteux, mais également l’un des plus éloquents en ce qui concerne l’homo tarzanus : la fable urbaine Tarzan à New York (1942) moins révision humaine de King Kong (ce qu’est Tarzan l’homme singe) que comic-book movie malgré lui, sorti en salles alors que Batman envahit depuis trois ans déjà les kiosques.
Se hissant et grimpant au gré des échafaudages de la métropole, Tarzan nous apparaît en super-héros, son physique parfait (bien coiffé, beauté nette vierge de toute corruption boueuse) évoquant celui de Clark Kent, et son habileté, de liane en liane et de mur de building en mur de building, préfigurant directement les déplacements tissés/élancés de l’homme-araignée. Pour échapper aux forces de l’ordre véhémentes, l’homme-singe au gré d’un plongeon vertigineux en reviendra à son élément naturel, l’eau, comme s’il portait le patronyme d’Aquaman. L’envol amoureux de Lois Lane et l’Homme d’Acier dans le Superman de Richard Donner (1978) ne sera autre qu’une déclinaison de l’image matricielle de Jane portée par son Tarzan protecteur. Fort de ses 28 records du monde, Weissmuller avait déjà en soi tout du justicier surhumain.
Herman Brix : The New Adventures of Tarzan (1935) – Tarzan and the Green Goddess (1938)
Si ses récits sauvages ou science-fictionnels (la série des John Carter from Mars, dont s’inspirât James Cameron pour Avatar) témoignent avec scepticisme des progrès de l’industrialisation, Edgar Rice Burroughs alimentait une même circonspection à l’égard de l’usine à rêves, quitte à créer sa propre boîte de production afin de reprendre vaille que vaille les droits de sa création (Tarzan Burroughs Entreprises). Très peu convaincu par les prouesses physiques de Johnny Weissmuller, il fit d’Herman Brix, lauréat aux Jeux olympiques de 1928 de la médaille d’argent au lancer de poids, « son » Tarzan, plus proche à ses yeux du personnage qu’il a imaginé : un éphèbe à l’athlétisme prononcé, aux allures d’Adam, régnant au sein de son paradis perdu avec force galipettes – comme si la Jungle, en soi, était le pendant boueux des pistes de courses, et la liane l’équivalent de la perche olympique.
En parallèle, l’acteur incarnera le tout aussi nerveux Kioga dans les serials Les Vautours de la Jungle (1938), excursion façon Fenimore Cooper au sein du détroit de Behring, entre archéologie, folklore indien et chasse aux trésors. Peaux de bêtes, relents Kiplingiens et squaws constituent la grammaire de cet ersatz de Tarzan, lequel plane en permanence comme une ombre sur cet imaginaire sous influence. Devenu Bruce Bennett à la suite de ces tarzaneries, comme pour mieux se dévêtir ad vitam aeternam des encombrants oripeaux de mythe moderne, cet ami de Douglas Fairbanks sera dirigé par des cinéastes aussi prestigieux sur Michael Curtiz (Le roman de Milfred Pierce), Raoul Walsh (The Man I Love, La rivière d’argent), John Huston (Le trésor de la Sierra Madre) ou encore Delmer Daves (Les passagers de la nuit). Une façon comme une autre de perdurer au sein de l’univers aventuresque qui, esquissé à gros traits dans les serials en série, l’ont tout droit mené à Hollywood.
Lex Barker – Tarzan et la fontaine magique (1949) – Tarzan et la diablesse (1953)
Du haut de ses 1m93, ce footballeur professionnel conférât à Tarzan une nécessaire impression de majesté. Quoi de plus élémentaire pour un seigneur ? Se déplaçant au sein d’un monde constitué de vestiges et de reliques, Tarzan en soi a tout d’une statue de marbre, ce que l’impressionnante taille de Barker (et son jeu distancié) finit d’affirmer une bonne fois pour toutes. Stupéfiante beauté glacée, habitée par ce regard froid où se conjuguent colère enfouie, charme viril et orgueil, Barker était, peut-on imaginer, des plus tarzaniens dans sa vie intime. Homme à femmes (cinq mariages additionnés en trente ans), le comédien présentait ainsi les mêmes critères de charmeur irrésistible que son alias fictionnel.
Le prolifique Barker s’envisage avant tout à l’aune d’une carrière de vingt cinq ans, dont l’éclectisme suffit à définir, par liaisons, la richesse de l’imagerie instaurée par Burroughs, entre pulps feuilletonesques (Dick Tracy contre le gang), cinéma d’évasion (Le Mystère du temple hindou, Le Trésor des montagnes bleues, Robin des Bois contre les Voleurs), témoignage par l’imaginaire d’un monde en mutation (Le Docteur Mabuse) et même…séries fantastico-horrifiques (Le vampire et le sang des vierges). En effet, hantée par son panel de bêtes effrayantes à l’agressivité déterminée, la jungle au fil des Tarzan, vectrice d’émotions fortes, attribue à ce monde des allures de film de monstres. Barker, comme Tarzan, était ainsi à la fois joliment « bis », incarnation d’un cinéma populaire aux ressorts éculés, et imposant de par sa stature de montagne – ce qui n’a pas échappé à Frederico Fellini, qui l’a dirigé sur le tournage de La Dolce Vita,
Gordon Scott – Tarzan’s Hidden Jungle (1955) – Tarzan le magnifique (1960)
https://www.youtube.com/watch?v=HkSGXcoFYy0
Ex-maître nageur, Gordon Scott était d’emblée préparé à endosser un rôle intrinsèquement aquatique. A 28 ans, il ne devient pas simplement le onzième Tarzan, succédant au bellâtre Lex Barker, mais également la première incarnation « in color » dudit personnage. L’opus Tarzan le Magnifique de par son seul titre résume tout. Si par nature Tarzan est une digression fantasque du récit de Romus et Romulus (élevé par les bêtes et similaire aux dieux), la bande-annonce fait du Roi de la Jungle l’héritier des mythes antiques, lui attribuant « la force de Samson » et « le courage d’Hercule« . Édifié en « héros légendaire de l’Afrique », le Tarzan de Gordon Scott n’est ni plus ni moins qu’un archétype de péplum.
Et pour cause, puisque ces films portés par le buste glabre et l’air fier de l’acteur traversent une décennie emblématique du genre (de Quo Vadis à Ben Hur en passant par Spartacus et Les dix commandements), le Tarzan le Magnifique du début des sixties laissant la place à Jason et les Argonautes (1963) et La Chute de l’Empire Romain (1964). C’est d’ailleurs en toute logique que Scott a investit cet imaginaire, du Romulus et Rémus de Sergio Corbucci (1961) au Colosse de Rome de Giorgio Ferroni (1964). Comme si la garde-robe spécifique au genre (courtes jupettes rappelant les modestes oripeaux de l’homme singe), les conflits internes de civilisation qui s’y jouent jusqu’à la démesure, le caractère pompier et volontiers kitsch des décors grandiloquents, la relecture de l’Histoire, les biscotos propres des hommes de poigne et le spectaculaire des cascades pouvaient s’envisager comme autant d’échos aux trépidantes tribulations, à la fois archaïques et atemporelles, de Tarzan en sa jungle.
Miles O’Keeffe – Tarzan, l’homme singe (1981)
La modernisation de Tarzan est toujours l’occasion de se poser les bonnes questions : quels sont les fondements d’un mythe ? Quel symbole évocateur actualiser ou, a contrario, renverser ? Dans le cas de The Ape Man, la réponse est frontale comme un « full frontal ». Le full frontal, c’est celui, réitéré, de notre Sexy Jane, l’actrice Bo Derek, magnifiée par son metteur en scène de mari, John Derek. « I’m still a virgin... » prononce l’actrice, regard appuyé en direction de l’homme hagard, avant d’approcher délicatement une banane près de ses lèvres. Sacré par une flopée de Razzie Awards (les anti-Oscars), ce nanar érotique est pourvu d’une affiche en forme de note d’intention : quasi intégralement nue, Bo se balance sur une liane comme s’il s’agissait d’une barre de pole-dance. Jane parodie son compère en mode showgirl et ridiculise pour de bon la légende, concurrencent les biceps de Tarzan en valorisant sa poitrine opulente.
Le père de Jane (Richard Harris) souhaite transformer le roi de la Jungle – le transparent Miles O’ Keefe – en simple objet d’intérieur, et pour cause :celui-ci au sein de remake fait seulement partie du décor. « Je suis bien ici. Je n’ai aucun remords. Moi et vous. Aimer. Chéri, c’est tout à fait cela » disait en 1932 Maureen O Hara, allongée dans l’herbe d’un air désinvolte, faisant figure de Lady Chatterley de la savane. Paré de ses cheveux d’un blond solaire (comme Rahan, qui naîtra six ans plus tard), de son regard d’émeraude plus vert encore que le decorum investi, la belle Bo avec sa plastique hot de magazines pour adultes au papier glacé modernise cette Jane sensuelle : celle-ci désormais a tout d’une Playmate. Il est loin le temps du fétichisme subtil, lorsque Weissmuller portait dans ses bras O Hara, les pieds nus de celle-ci se balançant légèrement dans les airs.
Avec ce remake ridicule, Derek devient « the most beautiful woman of our time in the most erotic adventure of our time« . A l’exotique Tarzan, il convient alors de privilégier l’érotique Jane, plus mystifiée que Greystoke himself. Mise en abyme : le vrai « sauvage » c’est le spectateur mâle, devenu loup de Tex Avery, bouleversé de la façon la plus primaire (voire primate) qui soit par les courbes affolantes de la provocatrice candide.
Christophe Lambert : Greystoke (1984)
En 1984, Christophe Lambert aurait pu intégrer le casting du Police de Maurice Pialat. Au lieu de cela, il préférât partir sur le tournage de Greystoke, le film qui, avec Highlander, l’édifiât en acteur internationalement reconnu. Son strabisme naturel, handicap certain pour percer dans le métier, convient parfaitement aux particularités de l’homme simiesque, ce décalage physique symbolisant la condition du personnage – décalé puisqu’éloigné de toute civilisation distinguée, de cette société « corrigée » par les bienséances de l’empire british. Lambert acquiert ici son premier rôle d’importance, et cette spontanéité le valorise : acteur français s’initiant au sein d’une équipe britannique aux règles d’un tournage, il ne peut que s’identifier à ce Tarzan loin de sa terre natale, s’initiant au monde moderne, à ses us et coutumes.
Cela étant, si Greystoke est un bel hommage à l’univers créé par Edgar Rice Burroughs c’est avant tout par la qualité de son imagerie bestiale. Inconditionnel de La planète des singes (il s’occupera des maquillages du belliqueux remake de Tim Burton en 2001), le grand Rick Baker fait de la famille animale de Greystoke des êtres humains plus vrais que nature (et une société à part entière) comme si la réappropriation du roi des singes était le terrain d’essai rêvé pour se permettre toutes les expérimentations technico-ethnographiques – bestiaire écolo-poilu qu’il développera en travaillant sur Gorilles dans la brume et Bigfoot et les Henderson. En ce théâtre sauvage parcouru par les cris et gestes des macaques, l’homme singe a rarement aussi bien porté son nom.
Rocco Siffredi – Tarzan X : The Shame of Jane (1995)
Joe D’Amato, l’un des rois du cinéma bis italien (Anthropophageous), aime à rappeler que l’histoire de Tarzan, tel que portée sur grand écran, est essentiellement de l’ordre de la fantaisie sexuelle. Le face à face charnel entre la haute-bourgeoise bien fanfreluchée et le primitif, le sauvage, la bête. De ce contact naît l’initiation, laquelle passe forcément par la rencontre des deux corps. Tarzan l’homme singe (1932) malgré les restrictions du Code Hays tournait constamment autour du motif (dévorant) du désir, des roucoulades Tarzan/Jane – s’offrant sur l’herbe – aux empoignades féroces opposant le roi de la jungle aux tigres et lions, sans oublier le « viol » de la Nature par les braconniers et leurs gros sabots.
Cette initiale « giant romance of primitive life and unfettered love » (tel que clamait le teaser d’antan) est joyeusement obscénisée par D’Amato qui immortalise Rocco Siffredi, étalon italien, en fantasme exotique brut de décoffrage. Lorsque Rocco fait connaissance avec sa Jane endormie, il la tripote, touche son étoffe blanchâtre, avant de directement relever le bas de sa jupe et de renifler ce qui s’y cache. En cette dérivation scabreuse, le personnage de Tarzan est réduit à son expression la plus bêtement animale. Une grivoiserie nécessaire qu’Antonin Peretjako reproduira d’ailleurs dans La loi de la jungle (2016) en filmant sa « Tarzan » (Vimala Pons, croquignolesque) battante comme Bud Spencer, cartoonesque, mais également surexcitée, puisqu’assommée d’aphrodisiaques.
Tarzan, c’est un rôle tout trouvé pour celui qui, devant la caméra de John Stagliano, s’est fait le parangon du fornicateur « gonzo ». La pénétration au gré des positions acrobatiques se fait pendant porno des courses effrénées et des mouvements frénétiques inhérents aux classiques matriciels. Finalement, la codification de la pornstar (humain aux pulsions animales difficilement contenues, corps irréel et sacralisé, état de nudité quasi constant) ressemble comme deux gouttes d’eau à celle de Tarzan.
Brendan Fraser : George de la Jungle (1997)
Au coeur de cette production Disney, Brendan Fraser est un Tarzan détourné, loin cependant du simple exercice de désacralisation. Car si George de la Jungle s’empare des particularités de Tarzan c’est pour mieux les décupler, de sa force herculéenne à son charme auprès des dames. Seulement, ce roi de la jungle est aussi celui de la maladresse – comme l’affirme le fameux running-gag de l’envol en liane aboutissant au crash contre un arbre, pendant forestier de l’entartage. Cabotin infantile, timide effacé voire désemparé, Fraser fait état entre héroïsme too much et lose pathétique de toutes les expressions du comique burlesque, son air triste et irrésistiblement empathique rappelant celui de Buster Keaton.
Adaptation d’un dessin animé de Jay Ward et Bill Scott (créateurs de The Rocky and Bullwinkle Show), l’oeuvre accumule les séquences tout droit sorties d’un Road Runner (le coup de l’arbre donc), tout en marchant sur les pas de ses ancêtres : faisant tournoyer un félin de façon supersonique, George reproduit les effets d’accéléré inhérents à Tarzan l’homme singe, trucages qui à l’époque appuyaient le dynamisme des bonds de Weissmuller. Mais c’est avant tout le compagnon simiesque de George (« An ape named Ape » précise le générique musical) qui fait office d’hommage touchant.
Vedette à l’érudition implacable, créature bavarde – façon comédien de stand-up new-yorkais – qui in fine se fera star d’un musical à la Broadway, ce singe moderne au gré des bananes réattribue à Cheeta ses lettres de noblesse.
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