Auteur d’une œuvre lyrique et hallucinée, Francesca Woodman, qui s’est suicidée à 22 ans, en 1981, se réincarne en ange à la Fondation Henri Cartier-Bresson.
Francesca Woodman utilisait presque exclusivement son corps, car “toujours à portée de main”. A la fois modèle et sujet. La photographe américaine fait partie de ces artistes dont l’œuvre est indissociable de la biographie, et inversement. Objets de fascination, son nom et sa photographie demeurent estampillés de sa fin tragique.
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Quelques images iconiques – vues et revues – tendent à effacer tout le reste de l’œuvre. Sa richesse – en seulement dix ans de production – donne pourtant le vertige. Un sentiment bien rendu dans cette exposition qui explore le thème de l’ange, mais pas seulement.
La photographie de Francesca Woodman est performative
Au premier étage, on est arrêté, dans un recoin, devant un écran petit format où la photographie s’anime. Tout s’y résume : Francesca Woodman se tient nue derrière une large feuille de papier, inscrit son nom au recto et transperce le papier pour apparaître devant la caméra.
La photographe tourne le making-of de ses mises en scène photographiées. Car la photographie de Francesca Woodman est performative. En boucle se suivent ses courts films et un diaporama de Some Disordered Interior Geometries.
Francesca Woodman campe la féminité mais cherche un autre corps
Publié en 1981, le livre reprend les pages d’un cahier de géométrie sur lequel l’artiste a collé ses photos format 6×6 noir et blanc. Le titre signale un désordre intérieur. Ici, la géométrie est support d’une projection de l’intimité de l’artiste. Y figurent son corps nu et les objets dont elle a hérité et qui, écrit-elle, la font réfléchir sur la manière de se situer dans “cette étrange géométrie du temps”.
Dans ses images, Francesca Woodman campe la féminité mais cherche un autre corps. Elle s’habille d’écorce de bouleau, de papier peint, de masques, s’élève ou se couche. Souvent, sa figure se floute. On Being an Angel annonce une transformation en cours, un passage de l’état visible à l’état invisible, que l’on appréhende à travers une centaine de tirages. Mathilde Urfalino
On Being an Angel jusqu’au 31 juillet, Fondation Henri Cartier-Bresson, Paris XIVe, henricartierbresson.org
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