On imagine, à écouter leur musique, que les Dead 60 s ont commencé par fumer des joints et écouter la musique qui va souvent avec, du reggae (voire du dub si on a touché de la bonne). Ce tout premier disque, les Dead 60 s l’ont enregistré avec The Central Nervous System, un producteur mystérieux […]
On imagine, à écouter leur musique, que les Dead 60 s ont commencé par fumer des joints et écouter la musique qui va souvent avec, du reggae (voire du dub si on a touché de la bonne). Ce tout premier disque, les Dead 60 s l’ont enregistré avec The Central Nervous System, un producteur mystérieux qui a exaucé leurs vœux : sur chacun des morceaux, même ceux qui sont ouvertement portés sur le punk-rock, une ligne de basse veille toujours à nous envoyer une petite soufflette (pour la grosse soufflette, écouter Space Invader Dub, le disque de dub offert en bonus). Voilà ce qui peut fasciner chez les Dead 60 s : cette facilité à mélanger Fred Perry et Lee (Scratch) Perry, à avoir assimilé? (les mauvaises langues diront pompé?) et retravaillé l’héritage danseur et fourmillant de ce rock métissé à l’anglaise, initié par le Clash et les Specials ? celui qui vous met un pied à Piccadilly, l’autre à Kingston et la tête en vrac.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Sauf que chez les Dead 60 s, le propos est bien moins engagé qu’il ne l’était chez leurs grands anciens. On ne se sent pas l’âme d’un groupe politique, même si on respecte ce qu’un mec comme Joe Strummer a pu faire. On parle simplement de ce qu’on connaît : les quartiers moisis de Liverpool, les heures à glander aux arrêts de bus, les filles qui ne veulent pas puis qui veulent un peu, les conneries entre potes, le tout sous la pluie, au milieu des barres d’immeubles et des maisons en briquettes rouges. Voilà de quoi on parle, et ça doit quand même un peu intéresser les gens, puisqu’on nous propose de venir raconter nos histoires à New York, à Tokyo ou Paris’, plaisante Matt McManamon, chanteur et guitariste à bonne tête.
Et c’est vrai qu’on retrouve sur le premier essai des Dead 60 s le même rapport à lœurbanité que dans les chansons de The Streets. Si Mike Skinner est plus fort pour les textes, la musique des Dead 60 s parvient, elle, bien que les références visibles viennent du passé pour la plupart, à capturer avec autant d’acuité les rues de l’Angleterre des années 2000 : à l’écoute de Loaded Gun, de Red Light, Nowhere ou encore The Last Resort, on s’imagine bien loser devant un fish n’chips de Liverpool ou d’ailleurs, une Red Stripe à la main, à regarder deux ou trois rousses bien garnies rentrer dans un pub en lançant des yeux de biche avinée. On se voit bien aussi couché sur la banquette d’une boîte en sous-sol, à retenir tant bien que mal du tandoori bon marché sur un tube de Madness, avec un mec à côté qui parle d’Everton. Si tout ça ne vous donne pas envie d’écouter les Dead 60 s, c’est que vous n’aimez pas l’Angleterre, nom d’un chien.
{"type":"Banniere-Basse"}