On dit qu’il faut garder le meilleur pour la fin. Pas sûr que cet adage ne corresponde à Belfort car, comme les deux jours précédents, le dimanche a également surpris son monde. On vous dit tout.
Lorsqu’il se termine, un festival tient son baromètre entre le buste et les orteils: si les membres ne répondent plus, usés par toutes les attractions du parc, les organisateurs peuvent dormir sur leurs deux oreilles et penser à la prochaine édition. « Il faut quitter un festival un peu frustré qu’il soit déjà fini« , nous confiait récemment Christian Allex, co-programmateur des Eurockéennes.
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Non seulement, la troisième journée du festival nous laisse effectivement un goût très prononcé de « reviens-y », mais les kilomètres parcourus – qui justifient à eux seuls le rachat d’une bonne paire de tongues, voire une greffe de pieds – témoignent de l’intensité de trois jours fous dingues passés ici, où rien ou presque ne justifiait d’être manqué, loupé, raté ; où la cadence des lives, l’engagement des artistes et la ferveur locale ont remporté la mise. Un jackpot partagé par les gagnants de ce troisième jour aussi passionnant que les deux autres.
De ce dimanche, on retiendra les Australiens de Tame Impala et leur intention folle de faire danser les foules (entre les confettis disséminées aux avant-postes), l’Américain Action Bronson et son rap millimétré (véritable gouailleur, animal sur scène et franchement bien tatoué), Nekfeu et sa générosité grisante (force est de constater que son statut de phénomène dépasse le simple cadre du disque), The Kills et leur toute-puissance rock et cet happy ending électrique où les guitares de ZZ Top (briscards légendaires, rouleaux compresseurs impériaux) et celles de Ratatat (dans le froid sec d’une fin de nuit garnie de supporters) s’accordent d’un bout à l’autre de la presqu’île.
104 000 festivaliers
Une zone mixte devenu fan-zone le temps d’un match vite plié. Retransmis sur écran géant, le quart de finale de l’Euro France-Islande (5-2) offre une parenthèse sportive à notre week-end musical. Et l’engouement indescriptible des festivaliers pour le match, regroupés comme un seul homme devant la grande scène, fait écho au plaisir communiqué l’après-midi même par Mac DeMarco. Sans crampon, le Canadien toujours joyeux, visiblement attaché au statu quo vestimentaire (son look très rétro fait l’unanimité ici) livre un show irrésistible. Au point de faire oublier la fatigue, visible sur le visage des uns et des autres, où quelques cernes subsistent malgré une (courte) nuit de sommeil, témoignant en réalité de trois jours de fête consommés sans retenu. Au sol, les moins téméraires sont couchés. Les plus courageux se draguent sur Caribou (dont la formation scénique très compacte ajoute du rythme à l’urgence) avant de rejoindre la grandiloquence appliquée, très américaine, de M83.
Les autres encore se baladent jusqu’au grand feu d’artifice, tiré depuis le lac (d’un calme toujours aussi insolent). Pour son bouquet final, les Eurockéennes remercient ainsi la foule, comme tous les ans, avec beaucoup d’esprit. Au total, 104 000 personnes sont venues cette année. Plus qu’un chiffre, ce résultat est synonyme de rassemblement, d’union et de plaisir simple. On en avait besoin.
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