Visite sombre mais hospitalière
de l’âme torturée d’un génie américain. Critique et écoute intégrale.
Sur un précédent album, Marc Anthony Thompson, alias Chocolate Genius, évoquait sans détour l’Alzheimer de sa mère : “elle ne connaît même plus son nom” (My Mom). Sur celui-ci, c’est la voix de son père, décédé au cours de l’enregistrement du disque, que l’on entend sur un message téléphonique. Ces “chants du cygne” sont avant tout de deuil.
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Ils confirment, dans un climat sonore entre recueillement et nonchalance dépressive, ballades blêmes et syncopes relâchées, l’aptitude de cet auteur-compositeur new-yorkais à révéler l’intime à la lumière des grandes pertes. Celle d’un parent (Mr. Wonderful), d’un pays (Polanski), de la confiance en soi (How I Write My Songs).
Il y a du Dylan tardif dans Enough for You, une touche Tricky lo-fi dans Lump. La voix file du côté de Mark Eitzel (She Smiles), Fredo Viola (Kiss Me) ou Eels (Like a Nurse). L’empreinte reste pourtant singulière, et ce voyage trop personnel pour se limiter à un territoire déjà arpenté. On s’y enfonce comme dans un paysage sombre et tourmenté, on en ressort apaisé et inondé de lumière.
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