Les trois acteurs étaient réunis à Cannes 2008 pour « La frontière de l’Aube » de Philippe Garrel.
Apparitions Comment forme-t-on un trio amoureux ? Quels acteurs choisir ? Pour jouer François, le photographe, Garrel a pris son propre fils, Louis, son nouveau double depuis Les Amants réguliers. Facile. C’est grâce à son producteur, Edouard Weil, associé de Xavier Giannoli, que le cinéaste a découvert Laura Smet dans Les Corps impatients. Il l’a choisie pour tenir le rôle de Carole, l’actrice suicidaire, la maîtresse inoubliable de François. Quant à Eve, celle qui veut se marier avec François, elle a les jolis traits de Clémentine Poidatz, une nouvelle venue, une vraie découverte, qui faisait de la figuration dans Les Amants réguliers. Clémentine a fait le Conservatoire, joué la belle-sœur de Marie-Antoinette pour Sofia Coppola. Dans le film, elle a quelque chose de Claude Jade chez François Truffaut : patiente, sensible, intelligente, calme, à la fois joyeuse et fragile.
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Philippe Garrel lui a appris à désapprendre, explique-t-elle. “Il me demandait sans cesse de ne pas jouer et me disait : “Tu es plus intéressante que ton personnage !” Louis Garrel explique le “luxe” (le film a coûté moins de 2 millions d’euros, somme dérisoire) que représente le fait de pouvoir tourner un film dans l’ordre de ses scènes. Les acteurs peuvent ainsi évoluer avec leur personnage. Laura raconte qu’ils ont répété longuement (près d’un an, à raison d’une rencontre par semaine) avant le tournage. A la fois pour lire le scénario et réussir à former un vrai trio. C’est pour cela que Garrel peut se permettre de ne faire qu’une prise au tournage (en réalité, un tout petit peu plus) et de la garder au montage. Qu’est-ce que ça fait d’être aussi bien filmée, regardée aussi bien par un cinéaste ? Laura sourit : “Le film m’a énormément touchée, personnellement.” Elle est épatante en fantôme. Elle avoue adorer les films fantastiques et dit s’en être inspirée pour les scènes d’apparition magnifiques qui ont fait tant rire les idiots (qui n’ont sans doute jamais vu un film de Dreyer ou de Cocteau dans leur vie), lors de la projection de presse. Louis, taquin, fait aussitôt remarquer que les yeux de chat de Laura font merveille dans ces scènes : “On dit que les chats sont immortels, non ? Ils ont neuf vies !” Alors Laura Smet sourit, largement cette fois, et on croit soudain voir apparaître, derrière cette jeune femme réservée au visage un peu boudeur, la petite fille rieuse qu’elle fut peut-être. Elle s’exclame : “J’aimerais bien avoir neuf vies !”
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