La chaîne câblée la plus puissante au monde vient d’annuler Vinyl. Un symbole de sa recherche d’identité.
Afficher de grands noms ne suffit plus. Bien qu’elle ait aligné Martin Scorsese à la réalisation du pilote, l’ex-Soprano Terence Winter à l’écriture et un monde fictionnel désirable – le New York rock’n’roll des années 1970 –, Vinyl n’a finalement pas été renouvelée par HBO. Pire, la chaîne avait d’abord décidé de repartir pour un tour avec de nouveaux showrunners, avant de se rendre à l’évidence : les critiques mitigées et des audiences moyennes (en plus de problèmes internes) allaient donner trop d’arguments aux voix raisonnables qui, à l’intérieur même de la filiale de Time Warner, criaient à l’arnaque. Cette série coûtait trop cher et ne rapportait presque rien symboliquement. Deux mois après l’annulation tristounette de la très fragile Togetherness, HBO traverse une vraie crise, sa plus importante depuis le milieu des années 2000.
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A l’époque, alors que les grandes séries de l’âge d’or comme Sex and the City, Six Feet under, The Wire et Les Soprano avaient disparu ou allaient disparaître, les nouveautés audacieuses comme La Caravane de l’étrange, Tell Me You Love Me et John from Cincinnati n’avaient pas réussi à prendre le relais. Il a fallu attendre Game of Thrones (depuis 2011) et Veep (depuis 2012) pour que HBO retrouve son assise. Ces séries ont longtemps permis à la chaîne de cacher ses faiblesses et de se préparer au mieux à l’ouragan Netflix. Ce n’est désormais plus possible, tant les signes négatifs se multiplient.
Les signes négatifs se multiplient
Le très attendu remake de la série anglaise Utopia, piloté par David Fincher, est tombé à l’eau, tandis que la décevante deuxième saison de True Detective a probablement signé l’arrêt de mort de la création de Nic Pizzolatto. Le grand manitou de HBO Michael Lombardo a été remplacé en mai par le blond Casey Bloys, dont la première décision forte a donc été de dire stop à Vinyl. Pendant ce temps, Amazon, Hulu et bien sûr Netflix sifflotent tranquillement en voyant le pilier de la création audiovisuelle moderne galérer.
Bien sûr, il est trop tôt pour crier à la fin de HBO, qui gagne toujours de l’argent et n’a pas égaré d’un coup son savoir-faire – elle diffuse la plus belle série actuelle, The Leftovers. Mais son leadership ne tient plus qu’à un fil. Celui, par exemple, de Westworld, saga de science-fiction inspirée d’un film de Michael Crichton (1973). Créée par Jonathan Nolan (qui réalise le pilote) et le duo Bryan Burk-J. J. Abrams, elle a subi plusieurs retards de production mais vient d’être confirmée pour octobre. Un test de plus que HBO ferait mieux, cette fois, de passer avec succès.
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