Brillamment emmené par les performances de Foals et The Inspector Cluzo, le jour 2 des Eurocks rappelle que les festivals sont aussi là pour faire bouger les lignes.
Les festivals, et plus particulièrement les concerts qui s’y jouent, sont comme des terrains des football, délimités par des contours qu’il ne faut pas franchir. Parfois, certains groupes se prêtent au jeu et se loupent. Occasionnellement, d’autres se lancent sans filet et parviennent à jongler sur la touche. C’est le cas de The Inspector Cluzo, le duo gascon anti rock-star mais bien rockeur qui, à l’occasion du deuxième jour des Eurockéennes de Belfort, aura laissé libre cours à ses riffs claquants tout en délivrant plusieurs messages humanistes indispensables et quelques remerciements entiers et chaleureux (pour un concert programmé dans le cadre « Les Eurocks invitent Les Inrocks », à l’occasion de l’anniversaire du magazine, qui fête ses 30 ans cette année).
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Commencé sous un ciel coincé entre gris clair et gris foncé (puis progressivement dégagé pour finalement briller comme la veille), ce samedi force le respect, tant l’engagement des groupes postés sur toutes les scènes n’aura cessé de se répéter, jusqu’a 3h du matin et la clôture club de Disclosure. D’aucun se souviendront de la virée délirante d’Elle King, petit bout de femme tordant, dont la voix brûlante, le banjo furax et le jeu burlesque donnent à rire autant qu’à penser. Certains se souviendront sans doute (et pour un long moment) de ce live des Anglais de Foals, à minuit sous les étoiles, d’une puissance folle, et du clin d’œil de la formation à un récent Brexit qui passe visiblement très mal.
« Allez Sochaux ! »
« On aime la France. On aime l’Europe », insiste sans équivoque Yannis Philippakis, survolté à la fin du show, remerciant un public définitivement sous le charme. Sur la plage dorlotée par Les Inrocks, les DJ sets s’enchaînent et déchaînent les foules. Les Britanniques colériques de Yak et ceux dansants de Formation, comme les Américains de Son Lux (face à Lou Doillon, à quelques pas de là), se chargent d’entretenir la flamme et le font bien. Parallèlement, devant la grande scène, plusieurs Marseillaise retentissent spontanément alors que s’entend le reggae des Italiens de Mellow Mood (On distinguera même quelques « Allez Sochaux ! », en guise de soutien à l’équipe de football voisine). Leur batteur, métronomique, jouit d’un son aussi clair que constant (et c’est très plaisant).
Juste après (il est 20h), le flegme californien d’Allah Las, si fin et si tranquille, ruisselle en laissant le soleil se coucher, sans pression, pour un autre live délicieusement pop, pop et pop. Devant chaque stand, beaucoup suivent Allemagne-Italie, le quart de finale de l’Euro de football, directement sur leur smartphone. Beck, élégant et précis, préfère quant à lui jouer sur une surface qu’il connaît mieux. L’ Américain est impeccable et le site, comme toujours à cette heure (21h30) affiche dorénavant complet. Une configuration parfaite pour communier, ce que proposera Louise Attaque en reprenant ses ballades immortelles : à raison, au vue de la ferveur qu’elles déclenchent encore (leur premier passage aux Eurockéennes date de 1997).
Ce dimanche, Nekfeu, Tame Impala, Caribou et The Kills vont prendre le relai. Abyssal festival.
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