Dans le cadre de sa nouvelle campagne de communication #ITTAKESCOURAGE*, Ray-Ban et les inRocKs invitent de jeunes talents à partager avec nous le courage qu’il leur a fallu pour faire face aux critiques. Rencontre cette fois-ci avec la diva pop Mathilde Fernandez aux Bains à Paris.
Icône pop et baroque surréaliste, la vraie-fausse diva Mathilde Fernandez brouille les frontières entre sincérité et second degré. Mêlant extravagances new wave, folklores et voix lyrique, la chanteuse fait se rencontrer des univers éloignés, avec un naturel déconcertant. Fascinant pour certains, impénétrable pour d’autres, le monde de Mathilde, malgré son discours d’apparat bling-bling, ne laisse pas le public de marbre. Rencontre avec la sirène qui déchaîne les passions, dans le mythique édifice des Bains à Paris.
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Ton univers est à la fois pop et baroque. Cherches-tu à provoquer un choc des cultures ?
Mathilde Fernandez – Un choc, non, mais des points de rencontre. J’aime établir un lien entre différents styles musicaux ou médiums. Cela crée un ensemble complexe, difficile à ranger dans des cases. C’est ce qui perturbe. J’ai d’autres influences comme la musique indienne, les chants traditionnels slaves, grecs ou hébraïques.
Ton style de musique est atypique. As-tu déjà fait face à des critiques peu éloquentes ?
(Rires) D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours dû faire face aux critiques de mes camarades de classe, de mes professeurs… Pour tout un tas de raisons. Cela forge le caractère. Je ne dis pas qu’il ne faut pas se remettre en question, mais je crois qu’il faut surtout avancer.
Ta pratique du chant lyrique surprend-elle dans le milieu des “musiques actuelles” ?
Elle intrigue, puisque c’est un peu déplacé de son contexte. Cela change des chuchotements. Le chant lyrique séduit ou agresse, ça dépend. Je suis contente si cela attise la curiosité.
T’attends-tu à un certain type de réaction de la part du public, lorsque tu crées ?
Je ne m’attends à aucune réaction particulière de la part du public, notamment au moment de la création, c’est le cadet de mes soucis ! Il faut essentiellement que ça me plaise à moi, sinon ça n’a pas le droit d’exister. Mon but ultime : que ma musique bouleverse la vie des gens, qu’elle entraîne un syndrome de Stendhal généralisé. Ce qui peut choquer, c’est peut-être la sincérité, la générosité. Le lyrisme, c’est l’émotion à vif et la violence. Si certains en ont perdu l’habitude, il faut la leur redonner.
Ce sont tes études d’art qui t’ont poussée à bousculer les habitudes des gens ?
On ne devient pas singulier à l’école d’art. Mais celle-ci permet de s’affirmer dans sa recherche personnelle, et d’expérimenter différentes pistes. On apprend aussi à encaisser les critiques. J’ai toujours fait ce dont j’avais envie, que cela plaise ou non. J’admets bien aimer provoquer, faire peur ou rire. Ce sont pour moi des outils de séduction.
Est-ce que tu t’inspires d’artistes provocateurs et extravagants ?
Les artistes provocateurs inspirent parce qu’ils maîtrisent leur image. Ceux qui interloquent sont ceux dont on se souvient. A mon sens, cela doit passer par la provocation, une attitude… Il est bon de proposer un univers original tout en donnant des clés de lecture. Ce qui crée le côté pop, c’est la communication.
L’artwork de ton ep Live à Las Vegas semble critique envers le rêve américain mais tu en joues dans tes chansons. Tu aimes le second degré ?
J’ai réalisé une série de portraits avec la photographe Aniko qui s’inspire des icônes religieuses et des pin-up à l’américaine. L’artwork est sur le même niveau d’acerbité que les paroles des chansons. Le rêve américain est un fantasme brisé. Le personnage qui se rêve en diva – aussi
au sens divin du terme – se brûle les ailes. Le second degré est un art de vie et un outil de travail.
Ta manière de chanter assez théâtrale donne l’impression que tu incarnes un personnage…
L’histoire qui se trame dans l’ep renvoie à notre mémoire collective, à personne en particulier mais à de nombreuses possibilités. Je l’ai aussi écrit pour moi, comme un talisman. Toutes ces voix sont les miennes.
Tu avais réalisé un numéro de ventriloque lors de ton showcase pour le 19h19 des inRocKs lab. Est-ce une manière de ne pas trop te dévoiler ?
Le numéro de ventriloquie est surtout l’interprétation d’une chanson (« C’est pas ma voix »). C’est aussi une mise en abyme qui vient en rajouter une couche sur ces questions d’incarnation de personnages.
Tu dis avoir appris à être curieuse. Est-ce une valeur que tu revendiques ?
Oui, je ne vais pas revendiquer le contraire, il faut manger de tout ! A l’éclectisme, ajoutons liberté et iconoclasme. Olé.
EP Live à Las Vegas en écoute sur Soundcloud
Remerciements :
Les Bains,
club, bar, restaurant, hôtel,
7, rue du Bourg-l’Abbé, Paris IIIe
*Cela demande du courage
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