Lords Have Mercy

Le 6 décembre 1969, à Altamont, Californie, le jeune Meredith Hunter se fait trouer la peau à un concert des Rolling Stones. Sympathy for the Devil : et le rock’n’roll en prenait pour perpette au purgatoire.

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Quatre décennies plus tard, cinq bikers hollywoodiens à souhait se taillent sur la bête un patronyme sulfureux et une garde-robe adéquate de dignitaires du chaos. Trop noire et cuir pour être vraie, l’affaire s’est pourtant déjà ouvert un crédit sans fond : premières armes au sein des Bomboras, Fuzztones ou Cramps, et premier album remarqué sur l’inégalable label Sympathy For The Record Industry. Si Buried from the Knees down ou Live Fast ramènent stricto sensu aux Stooges de Raw Power, c’est que le sang parasité des grands seigneurs décalés bouillonne dans les veines à vif de Jake Cavaliere. Sa gouaille d’hidalgo sans collier, dans la tradition trash des meneurs écorchés, entraîne ses Lords non pas vers la gloire, mais vers la légende. Moins lucratif, mais tellement plus classe. Prochain sociétaire inéluctable de la galerie des ancêtres anoblis, Jake en propose pour le moment une jolie visite guidée. D’emblée Cyclone s’arrête devant les portraits en armes d’une trilogie de marquis (The Amboy Dukes, Steppenwolf, The Frost). Ensuite, ce sont les claviers d’Alan Price et des Animals qui fixent crânement (Let’s Burn) avant que les traits hypnotiques du MC5 (She Cried) ou de plus récents Supersuckers (Velvet) ne confirment une lignée princière.

Et ainsi de suite, jusqu’à se croire au Grande Ballroom de Detroit au tout début des seventies. C’est dire si ces Lords, descendants d’Altamont par la branche tellurique du rock’n’roll, tiennent leur rang.