Les rumeurs parlaient de la difficulté du comité de sélection de la compétition à rassembler suffisamment de films-événements pour que le festival tienne son rang. Annoncé avec un peu de retard, et finalement pas tout à fait définitif, le programme de l’édition 2008 est pourtant très prometteur. Probablement pour les raisons mêmes qui agitaient les […]
Les rumeurs parlaient de la difficulté du comité de sélection de la compétition à rassembler suffisamment de films-événements pour que le festival tienne son rang. Annoncé avec un peu de retard, et finalement pas tout à fait définitif, le programme de l’édition 2008 est pourtant très prometteur. Probablement pour les raisons mêmes qui agitaient les rumeurs. En l’absence des habituelles locomotives (calibre Almodóvar, Wong Kar-wai, Cronenberg, Lynch…), la sélection s’est fait plus tête chercheuse, et s’est recentrée sur un cinéma d’auteur assez pointu. On peut même parler d’une “quinzainisation” de la Sélection officielle lorsqu’on voit apparaître, en compétition, les nouveaux films du Singapourien Eric Khoo ou du Philippin Brillante Mendoza (dont, respectivement, Be with Me et John John comptaient parmi les plus belles découvertes des récentes éditions de la Quinzaine).
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A côté de ces coups de jeune, on trouve quand même trois anciennes Palmes d’or : celui dont on n’attend plus grand-chose (Wim Wenders) ; celui qu’on attend toujours avec un mélange de scepticisme et de curiosité (Steven Soderbergh, qui prête au Che les traits de Benicio Del Toro), et ceux qui ne nous ont jamais déçus (les Dardenne, dans les starting-blocks pour le record de la troisième Palme ?).
Parmi les cinéastes souvent sélectionnés, mais n’ayant jamais obtenu de prix notables, on découvrira les nouveaux Jia Zhang-ke, Arnaud Desplechin (Un conte de Noël, qui bouscule dans une farce grinçante sur fond de sapin enguirlandé Mathieu Amalric, Emmanuelle Devos, Catherine Deneuve, Melvil Poupaud…), Nuri Bilge Ceylan (après Uzak et Les Climats), Lucrecia Martel. Enfin, dans le rôle du doyen, pourtant jamais consacré par Cannes (sinon un prix d’interprétation pour Forest Whitaker dans Bird), Clint Eastwood échange Angelina Jolie contre on ne sait quoi dans un film noir intitulé L’Echange (The Changeling).
A l’heure du bouclage, on ne connaît toujours pas le troisième film français qui accompagnera Garrel et Desplechin sur les marches. Mais la présence du nouveau Philippe Garrel – La Frontière de l’aube, avec Louis Garrel et Laura Smet –, pour la première fois en compétition à Cannes, est d’ores et déjà un événement.
Quel espace laisse aux autres sélections une compétition si pointue ? Pas mal de marge de manœuvre quand même. Un certain regard réunit Kiyoshi Kurosawa, un film collectif signé Carax, Gondry et Bong Joon-ho (l’auteur de The Host)… La Semaine de la critique, présentant des premiers et deuxièmes films, comporte par définition moins de noms connus, mais présente le nouveau film de Ronit Elkabetz en ouverture. Enfin, à la Quinzaine, on verra, entre autres, les nouveaux films des Larrieu, Bonello, Straub, Miguel Gomes, Skolimowski, Claire Simon, Albert Serra. Concernant tout cela, un seul mot d’ordre (qui est aussi le titre du film libanais à Un certain regard, avec Catherine Deneuve) : “Je veux voir”.
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