Les belles programmations des Eurockéennes de Belfort et le cadre idyllique dans lequel elles se jouent ne seraient pas les mêmes sans leurs organisateurs chevronnés. Zoom sur trois d’entre eux.
Jean-Paul Roland, le patron voyageur
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Son goût pour le rock, le punk, le rap et la musique cubaine – il a notamment programmé le Cubain Compay Segundo au Palot, à Montbéliard – ont naturellement conduit l’actuel directeur des Eurockéennes vers de grands espaces festifs. « J’ai vécu une enfance dans le mouvement, d’abord en Côte d’Ivoire, où j’ai touché du doigt la culture populaire. » Graphiste de formation, après avoir passé quelques années à l’internat une fois de retour en France – « Chez les curés, mon seul échappatoire c’était le rock’n’roll et le blues, de Buddy Holly aux Everly Brothers », se souvient-il –, il fût d’abord le seul bénévole du festival, dans le flot des années 1990, avant d’en prendre la direction, en 2001, alors que les Eurocks traversaient une crise d’identité. « Je suis allé chercher Christian Allex et Kem Lalot pour repenser l’espace du site et la programmation. » Visionnaire, Jean-Paul Roland impose sa patte et son souffle artistique. « J’ai toujours aimer faire écouter aux autres les groupes que je découvrais. Comme ceux vus au Bandit, un ancien club notoire de Strasbourg, lorsque j’y vivais. Les Eurockéennes offrent donc la possibilité de faire cela en très, très grand. » Un terrain de jeu fabuleux pour cet amoureux des cultures au sens large, « celles qui m’ont forgé », dit-il et qui continue de l’animer. « Faire ce que je fais ici est un aboutissement, entre la culture du partage et la musique populaire. » Une passion transpirante, inscrite depuis 15 ans autour du formidable lac de la presqu’île du Malsaucy.
Kem Lalot, les Eurocks dans la peau
Sa barbe est aussi longue que son répertoire, dans lequel peut trouver le 06 de Frank Black. Co-programmateur du festival avec Christian Allex, Kem Lalot est l’un des hommes forts de la musique en France, capable d’absorber aussi vite les côtes de bœuf astronomiques du Bosphore – l’une des adresses belfortaines qu’il préfère –, que la discographie de Mike Patton (venu en solo aux Eurockéennes livrer un concert dont il se souvient bien). « J’ai foiré volontairement et assez vite mes études pour ne faire que de la musique », reprend l’ancien batteur de Well Spotted, formation noise locale aux deux albums qui, pendant 10 ans, écuma toute l’Europe. « Parallèlement, j’organisais des concerts pour l’association Part de tarte. Ce qui m’a conduit petit à petit au Noumatrouff, à Mulhouse ». Défricheur, exempté du service militaire – « J’avais fait valoir l’objection de conscience », se souvient-il amusé –, Kem programmera pendant 6 ans dans cette salle avant d’être repéré en 2001 par Jean-Paul Roland, l’actuel directeur des Eurocks, qui l’embarque avec lui. « Une bonne programmation, c’est un enchaînement en puissance et sans temps mort pendant toute la durée d’un festival », explique Kem. C’est aussi l’art de faire vivre des moments uniques aux festivaliers, comme en 2007, avec Amy Winehouse. « C’est le seul festival français pour lequel elle a joué, et elle avait assuré », se rappelle-t-il, avant de peaufiner les derniers détails de cette 28e édition où l’on entendra Beck, Nekfeu ou Disclosure.
Christian Allex, l’électron libre du festival
Christian Allex est un baroudeur. Recouvert de tatouages – « pour marquer le passage d’une vie à une autre », explique-t-il –, il amène à la programmation des Eurockéennes, comme Kem Lalot, sa patte de découvreur. Curieux de nature – « Nous n’étions pas nombreux à écouter les labels de Detroit et Chicago qui produisaient de la garage house dans les années 90 » –, il manage d’abord des groupes lyonnais avant de mixer dans des soirées « plutôt mods, anglo-saxonnes ». Un goût pour le clubbing qui le poussera à assurer la direction artistique de l’An-Fer, l’ancien club électro de Dijon où il programme jusqu’en 1997 les plus grands, des Daft Punk (alors inconnu du grand public) à Philippe Zdar (Cassius). « C’était une époque où nous pouvions appeler les deejays sur leur téléphone fixe. Il n’y avait pas le phénomène de starification d’aujourd’hui. » Fort de son expérience en Bourgogne, une région qu’il chérit particulièrement, on lui confie pendant deux ans les clefs du Global Techno à Paris (grand-messe notoire pour les férus d’électro et d’art contemporain). Suivront le Nancy Jazz Pulsation, puis un passage à la radio suisse romande Couleurs 3, avant d’être approché en 2000 par Jean-Paul Roland « pour développer une nouvelle réflexion au sein des Eurockéennes, précise Christian Allex. Avec Kem, nous cherchons chacun à programmer le groupe qui va compter dans l’histoire du rock les années suivante, comme ce fût le cas avec Arcade Fire ou Arctic Monkeys. » Une émulation qui apporte chaque année son lot de surprises et de moments forts.
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