Soit une liste de films, non exhaustive : Le Cercle de Gore Verbinsky, 21 grammes d’Alejandro González Iñàrritu, Le Cercle 2 d’Hideo Nakata, J’adore Huckabees de David O. Russell, King Kong de Peter Jackson, Les Promesses de l’ombre de David Cronenberg, Funny Games US de Michael Haneke (qui sort cette semaine), Les Oiseaux (remake du […]
Soit une liste de films, non exhaustive : Le Cercle de Gore Verbinsky, 21 grammes d’Alejandro González Iñàrritu, Le Cercle 2 d’Hideo Nakata, J’adore Huckabees de David O. Russell, King Kong de Peter Jackson, Les Promesses de l’ombre de David Cronenberg, Funny Games US de Michael Haneke (qui sort cette semaine), Les Oiseaux (remake du Hitch, prévu pour 2009) de Martin Campbell… Soit une autre liste : New York, unité spéciale (série TV), John Q. de Nick Cassavetes, The Shield (série TV), L’Amour au temps du choléra de Mike Newell…
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Quels liens entre ces listes, ces titres ? La première est la filmo post-Mulholland Drive de Naomi Watts, la seconde est celle de Laura Elena Harring. Ajoutons que les deux actrices font une courte apparition dans Inland Empire de Lynch, le cinéaste qui les a lancées. Au-delà de ces listes dont la densité penche nettement du côté de Naomi, les spectateurs français auront sans doute retenu une impression tenace : depuis le chef-d’œuvre de Lynch, on a revu très régulièrement la blonde dans des rôles de premier plan, alors que la brune a quasiment disparu de nos écrans radars. A l’une, la grande et solide carrière internationale, à l’autre, le parcours plus modeste, à usage essentiellement US, fait d’apparitions dans des séries télé et de seconds rôles dans des films oubliables. Injustice très ordinaire des aléas du métier, certes.
Sauf que ce qui est troublant ici, c’est le parallélisme entre les chemins divergents de Watts et Harring et le sujet du film de Lynch. On s’en souvient, Mulholland Drive était double, construit en miroirs imparfaitement symétriques. La réalité vient donc ajouter une nouvelle couche à l’histoire de Betty et Rita, se calquant plutôt sur la première partie du film, favorable à Betty, celle que de nombreux fans ont assimilée à un rêve. Naomi réussit vraiment la carrière de “movie star” envisagée avec ironie par une Betty ingénue à qui tout sourit comme dans un songe. Rita était amnésique et nous avons oublié Laura. Alors, qui a “tué” Laura Harring ? Pourquoi les producteurs et réalisateurs en vue se sont-ils précipités sur Naomi et pas sur Laura ? Où, quand et comment se sont jouées ces carrières au casino hollywoodien ? Les hommes et les décideurs préfèrent-ils donc vraiment les blondes ? Laura/Rita aurait-elle dû conserver la perruque blonde qu’elle portait au moment où Mulholland basculait en sa faveur ? Un coup de la clé bleue ? Alors que Naomi est une actrice profonde et accomplie, Laura n’est peut-être qu’une image, un ersatz d’Ava Gardner, une surface de Rita Hayworth, une “broken doll” comme disait Lynch sur le tournage ? Mais doit-on poser toutes ces questions, sonder les mystères ordonnant la ronde des étoiles et des anges déchus entre Sunset Boulevard et Mulholland Drive ? Peut-être faut-il juste observer, ne pas rompre le charme fascinant et dangereux de l’usine à rêves… Silencio.
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