Bonne nouvelle pour tout le monde : on aurait pu craindre que succès et bonheur familial (Cali vient d’être papa pour la deuxième fois) n’engendrent chez lui une accalmie intérieure. Eh bien non : Menteur est tout aussi urgent, révolté, si peu assagi, en fait, qu’il ressemble presque à un premier album. L’univers de Cali […]
Bonne nouvelle pour tout le monde : on aurait pu craindre que succès et bonheur familial (Cali vient d’être papa pour la deuxième fois) n’engendrent chez lui une accalmie intérieure. Eh bien non : Menteur est tout aussi urgent, révolté, si peu assagi, en fait, qu’il ressemble presque à un premier album. L’univers de Cali est donc resté sensiblement le même, c’est-à-dire que le monsieur ne parle quasiment que d’amours foirées, de corps qui se déchirent, de la peur, des autres et de soi. Il faut faire gaffe, il y a des mots qui tuent , annonce-t-il en plein milieu de l’album, résumant sans le vouloir son propre style, ce que l’on pourrait appeler la formule Cali : un verbe cru qui assassine, des phrases, plus aiguisées que jamais, qui transpercent le cœur. Chez Cali, les corps se reniflent , les noms s’écrivent au cutter sur le bras’, la vie est parfois nulle , la lune s’attrape au lasso.
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Cali est devenu le chanteur de charme ultime, le maître absolu de la chanson romantique ? le genre qui invite la journaliste à déguster des huîtres face à la mer pour ensuite lui faire le coup de la panne sur l’autoroute. Côté poésie et littérature, aux John Fante et Salinger qui avaient inspiré plusieurs textes du premier album, succède aujourd’hui Diastème, auteur de 107 ans, ouvrage à l’origine du péremptoire Je ne vivrai pas sans toi. Menteur, c’est la vérité, réunit un paquet de convives. On y croise la guitare sauvage de Mathieu Chedid sur quatre morceaux, celle, très énervée, de Damien Lefèvre de Luke sur Je te souhaite à mon pire ennemi, un morceau aussi méchant que délectable. J’ai eu envie de m’entourer. Mais cela s’est fait progressivement. Je n’avais pas une idée fixe de ce que je voulais, les choses se sont précisées au fur et à mesure.?
Gageons quant à nous que le nouvel album de Cali n’aura aucun mal à grossir son déjà corpulent fan-club, et à faire succomber les rares radios qu’il lui reste à conquérir, de l’île de Sein à celle de Porquerolles. On y retrouve en effet une poignée de tubes potentiels : du ravissant Pour Jane, initialement composé pour le documentaire retraçant les duos de Jane Birkin sur son dernier disque, au guilleret Tes yeux, ballade pop dont le piano ne détonnerait pas du tout sur un album de Vincent Delerm.
D’autant que sur ses terres le chanteur ne connaît ni cyniques ni jaloux, jouissant d’une popularité qui donne à sa moindre sortie dans les rues de Perpignan des allures de publicité Heudebert : Cali est salué par les enfants, les papys à vélo et les demoiselles en jupe ? un spectacle qui rend heureux et contient en lui seul la réponse à la fameuse question qui ouvrait L’Amour parfait ( C’est quand le bonheur ??). Deux ans plus tard, Menteur s’ouvre aujourd’hui sur l’interrogatif Qui se soucie de moi ? Après écoute des morceaux qui suivent, on ne donne même pas deux heures à Cali pour répondre à sa nouvelle devinette.
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