Lorsqu’il est sorti la première fois, fin 1996, Endtroducing a marqué les esprits et les oreilles, bien plus que n’importe quel album de son époque. Car ce disque, à la manière d’une poignée d’autres (The Velvet Underground & Nico, Pet Sounds des Beach Boys, Ziggy Stardust de Bowie, The Queen Is Dead des Smiths, Astral […]
Lorsqu’il est sorti la première fois, fin 1996, Endtroducing a marqué les esprits et les oreilles, bien plus que n’importe quel album de son époque. Car ce disque, à la manière d’une poignée d’autres (The Velvet Underground & Nico, Pet Sounds des Beach Boys, Ziggy Stardust de Bowie, The Queen Is Dead des Smiths, Astral Weeks de Van Morrison ou A Love Supreme de Coltrane), tendait non pas vers son époque même, mais bien vers un ailleurs indéfini, transcendé, musicalement décomplexé, mais aussi historiquement important.
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DJ Shadow, depuis son petit home-studio californien, armé de ses connexions londoniennes (Mo Wax et UNKLE) et américaines (ses copains intimes de Blackalicious), composait avec Endtroducing un album qui emmenait le hip-hop et la musique électronique vers des sphères inouïes, inexplorées : exploitant toutes les facettes de chaque genre, du rock aux BO, misant tout sur sa capacité à dénicher au sein d’un vieux vinyle de funk rouillé une rythmique sanglante ou une ligne de basse cinglante, il a commis avec ce disque tout à la fois un manifeste quasiment théorique sur l’art du sampling (tout est bon à prendre, pourrait-on croire en écoutant l’album) et un grand disque à écouter ? et c’est bien l’intelligence subtile de Shadow qui lui permet d’agencer tout et n’importe quoi (U2 et James Brown ?) avec une dextérité qui a, depuis, fait des émules (mais forcément inférieurs).
L’addition d’un deuxième CD à cette réédition n’a malheureusement pas été faite de manière très pertinente. Mis à part quelques morceaux (dont une version de Peshay, qui emmène la musique de Shadow vers d’autres esthétiques), les bonus sont donc négligeables, enchaînant versions médiocres ou remixes de circonstance et d’époque. Dommage, car il existe dans la discographie de Shadow des maxis (In/Flux, l’intégralité de What Does Your Soul Look Like) sortis autour de l’album qui auraient largement mérité d’être réédités et mis en regard d’Endtroducing, dont ils forment la vraie matrice.
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