Son ultime rôle restera donc son duel avec Michael Moore dans Bowling for Columbine. Charlton Heston y était lui-même, vieux crocodile de droite, président de la National Rifle Association, grand manitou de la gâchette et de la légitime défense. Il serait dommage de ne retenir que cette image. D’abord parce que, avant de marcher dans […]
Son ultime rôle restera donc son duel avec Michael Moore dans Bowling for Columbine. Charlton Heston y était lui-même, vieux crocodile de droite, président de la National Rifle Association, grand manitou de la gâchette et de la légitime défense. Il serait dommage de ne retenir que cette image. D’abord parce que, avant de marcher dans les traces politiques de son pote Ronald Reagan, Heston fut dans une première vie démocrate, participant notamment à tous les combats des années 60 pour les Droits civiques. Surtout parce que Heston a traversé l’histoire d’Hollywood. L’un de ses premiers rôles marquants lui sera donné par le pionnier Cecil B. De Mille dans Sous le plus grand chapiteau du monde en 1952.
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Il retrouvera De Mille quatre ans plus tard pour le triomphe des Dix Commandements, en Moïse passé aux UV de la cosmétique hollywoodienne. Visage “grec”, yeux clairs, pommettes saillantes, mâchoire carrée, corps d’athlète, Heston possédait un physique de statue antique, idoine pour porter péplums et superproductions – outre De Mille, il y aura évidemment Ben Hur, puis Le Cid ou Les 55 jours de Pékin. Dans ces films-là, Heston faisait merveille dans les scènes d’action, les séquences épiques, mais frôlait le ridicule dans les parties intimistes. C’était un champion, une icône, pas un Stradivarius. Dans sa série grand spectacle, il sera passé rapidement de l’apogée hollywoodien (De Mille, Ben Hur) à sa déliquescence (Le Cid, …Pékin, gros films malades tournés en Espagne pour une major de second plan). Entre deux pièces montées, il était aussi capable de se retrouver dans une géniale série B comme La Soif du mal, mais les stars de ce film étaient plutôt Orson, Marlène et la mise en scène.
De la fin des années 50 à l’émergence de la génération Lucas-Spielberg, Hollywood connaît une décennie molle, concurrencé par la télévision, le rock’n’roll et la révolution sixties. Heston survivra à cette “petite mort” des majors avec l’énorme succès de La Planète des singes en 1968, blockbuster politique et philosophique, plus intéressant et moins boursouflé que les meringues des années 50. Il fera ensuite le très beau et flippant Soleil vert de Richard Fleischer, puis se spécialisera dans les films-catastrophe, nouveau genre florissant des seventies (747 en péril, Tremblement de terre…). La dernière partie de sa carrière sera de l’ordre de l’apparition special guest, et on le verra, tel une citation de l’âge d’or, chez Cameron, Carpenter, Michael Bay, Oliver Stone, dans la série Friends et, bien entendu, dans le remake de La Planète des singes par Burton. La statue grecque aura donc été un increvable marathonien, traversant cinquante ans de cinéma américain, mutant au gré des périodes et des genres. Pas mal pour un acteur moyen.
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