L’UNICEF a publié ce jeudi un rapport accablant sur les conditions de vie des mineurs non-accompagnés dans les camps de réfugiés en France. Entre violences et espoir de passage, ils survivent.
L’Unicef a publié ce jeudi un rapport intitulé Ni sains, ni saufs, réalisé par les sociologues de l’association Trajectoire. Ils y décrivent les conditions de vie accablantes des enfants dans sept camps de réfugiés en France.
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L’association a étudié la situation des enfants réfugiés non accompagnés, par de longs entretiens, dans les camps de Calais, Grande-Synthe, Steenvoorde, Norrent Fontes, Tatinghem et Cherbourg. Les experts estiment que plus de 500 enfants non accompagnés vivent dans ces camps, parfois depuis plus de 9 mois. Certains disent avoir perdu leur famille lors de la traversée, d’autres ont été abandonnés. Pour parvenir dans ces camps, ils ont dû débourser entre 2 700 et 10 000 euros, et emprunter une route longue et dangereuse. Le rapport fait état de nombreuses violences et de trafics concernant ces enfants vulnérables.
Risques pour la santé physique et mentale
La plupart des mineurs non accompagnés (NMA) interrogés sont blessés. “Coupures, lacérations, sections de tendons, fractures et contusions musculaires” résultent de leurs nombreuses tentatives de passage, qu’ils réitèrent presque chaque nuit. Si elles ne sont pas traitées, ces blessures s’infectent et peuvent avoir de lourdes conséquences. “Tous les mineurs rencontrés se plaignent du froid et de la fatigue”, précise le rapport. Des conditions d’épuisement qui amènent à une grande fatigue physique. Additionnée à des états de stress posttraumatique, de troubles liés à lanxiété, les risques pour la santé mentale de ces jeunes se multiplient. Ceux-ci se déclenchent particulièrement dans le contexte de la “jungle” de Calais. De plus en plus d’hospitalisations en domaine psychiatrique se font à la demande des jeunes, qui rejoignent ceux hospitalisés d’office après des violences contre les autres ou eux-mêmes.
La peur permanente de la violence
Les violences subies par les jeunes, dans les différents camps, sont multiples. Une peur revient particulièrement lors des entretiens : celle des violences policières. Sijad, 12 ans, venu d’Afghanistan, raconte : “On essaie de se cacher dans des camions, mais on n’arrive pas à passer. La police m’a arrêté, elle m’a frappé et elle a utilisé du gaz.” Salih, 13 ans et originaire d’Egypte, ajoute : “Je serais bien resté en France, mais je me fais gazer et taper, alors je continue.” Après la police, ce sont les passeurs qui effraient. Sans eux, il est presque impossible pour les mineurs non accompagnés de rejoindre le Royaume-Uni. Si des jeunes tentent de passer seuls, les passeurs “sont très agressifs”, raconte Akar, 16 ans, “dès qu’ils te voient, ils te tapent violemment”. Le quotidien des camps n’est que violence, et les rixes entre migrants sont fréquentes. “Tu peux mourir”, rappelle Sijad.
Violences sexuelles et trafics
Les jeunes femmes et les jeunes hommes sont exposés aux violences sexuelles, dès le début de leur trajet. Une jeune femme érythréenne témoigne : “Chaque nuit, les passeurs changent, donc tu ne sais pas qui sera là. Et chaque nuit, ils choisissent qui ils violent.” Les violences continuent dans les camps, en France. La crainte du viol est, pour les filles comme pour les garçons, constante. La prostitution y est également très fréquente : “Toutes les femmes reçoivent des propositions pour se prostituer, les plus faibles acceptent mais si tu refuses on ne t’oblige pas. Sauf si tu dois de l’argent.” Ces jeunes femmes se retrouvent en situation de “servitude pour dettes”, échangeant des services sexuels contre la promesse d’un passage, ou se prostituant, pour 5 euros la passe, afin de réunir les 5 000 à 7 000 euros nécessaires au passage. C’est le cas de Martha, 16 ans, qui explique : “Je sais que si je paie ou me prostitue, je passerai plus vite.”
Dans son rapport, l’Unicef rappelle que “la protection des mineurs non accompagnés est une obligation pour les États et ce, comme le rappelle la Convention relative aux droits de l’enfant”. Il est temps d’agir.
Et aussi Retrouvez les photos de Laurence Geai dans son exposition Ni sains, ni saufs, du 20 juin au 18 septembre, Fondation EDF (Paris VIIe), fondation.edf.com
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