Jonny allume le feu de la pop

Aux éclats, dans sa barbe, à pleines dents ou comme une baleine : l’idée, pour Norman Blake, était de rire, quoi qu’il arrive. “Dans ma carrière, j’ai eu la chance de fréquenter les membres de Sonic Youth. Ce sont les gens les plus drôles du monde. Pourtant, le public a une image de groupe un peu austère, froid. C’est tout le contraire. Mon groupe aussi a toujours été pris très au sérieux. Alors pour une fois, j’ai eu envie de rigoler, à la vie comme à la scène, sur album.”

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Avant celle de comique, Norman Blake avait surtout dévoilé une facette de magicien. C’est aux Ecossais de Teenage Fanclub, dont il était le leader, que nos oreilles doivent quelques-uns des plus grands émois sonores venus d’outre-Manche – réécouter, quinze ans après, le classique Sparky’s Dream suffit à rappeler le niveau de champion du monde du groupe.

Autre prestidigitateur discret, le Gallois Euros Childs, d’abord connu pour son travail au sein de Gorky’s Zygotic Mynci, a ensuite enchaîné une poignée de disques en solo. Il y a quelques années, les deux se rencontrent dans le public d’un concert. Une amitié naît alors, chacun s’invite à pousser la chansonnette à la maison. La paire publie ce printemps le fruit d’une collaboration plus aboutie, un album à la fois léger et savant, et choisit pour l’occasion le patronyme Jonny – ah que la France est très contente.

L’humour et la légèreté voulus par les deux musiciens n’atteindront peut-être pas les non-anglophones : seuls les textes plutôt ludiques – qui traitent de sujets comme la barbe à papa, le pain – donnent au disque des allures de parenthèse joueuse. Les morceaux sont quant à eux habiles, fortiches : Circling the Sun, Candyfloss, I Want to Be around You… Si notre Johnny à nous a parfois du mal à parler, ce Jonny-là sait écrire – c’est classique mais c’est très bien. Cerise sur le gâteau, un You Was Me détendu du couplet ressemble à un formidable inédit de Blur. L’entreprise est à la fois simple et humble : Jonny ne fera pas le Stade de France, oh Marie, si tu savais, tout le mal que ça nous fait.