Booba aka B2O, Le Duc de Boulogne ou encore Saddam Hauts d’Seine, posait son Futur Tour à Paris le 12 avril au soir. 6000 personnes au Zénith: un vrai bordel, Morray ! On y était, on vous raconte.
Booba a choisi les Zénith pour faire son tour de France et présenter son dernier album, Futur, choix judicieux puisque c’était à guichet fermé qu’il jouait le 12 avril. Un peu d’attente à l’entrée – pas de bousculade, ambiance à la cool– et nous voilà au milieu des 6000 personnes du soir : lascars oui, mais pas que, des femmes aussi, beaucoup, et on a même vu quelques enfants de-ci de-là. Assis dans les gradins, on a une vue imprenable sur la fosse, blindée, et la scène plongée dans le noir. On attend le Duc, patiemment.
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Des projecteurs façon L.A.P.D (ou Kraftwerk, au choix) s’allument et Booba apparaît dans un cône de lumière : veste siglée Ünkut et casquette vissée sur la tête pour un style au top du hip-hop, et… BOUM !, ça démarre très fort avec Maki Sall Music et ses punchlines antiaériennes : « grand-mère sait faire un bon mafé » par exemple, classique dès sa sortie en novembre. Le beat est lourd, le phrasé racé, on se laisse engloutir par la musique pour une expérience d’immersion totale. Avant son entrée sur scène, le public bouillant scandait « OM on t’encule » et la salle prenait des allures de Parc des Princes… Ici, c’est Paris, si on n’avait pas compris : « Paname, on est là pour foutre un del-bor, ou quoi ?! » crie B2O avant de reprendre.
Au menu ce soir, les titres de son dernier opus évidemment, Billets Verts, O.G. (avec Mala, rappeur de génie et backer hors-pair), Maître Yoda, 1.8.7. (ne rêvez pas, Rick Ross n’était pas là), ou encore Caramel et Wesh Morray: seul manquait 2Pac, peut-être. Des classiques aussi, avec Jour de paye, Boulbi, Comme une étoile ou Double Poney… Dans presque tous les cas les titres étaient remaniés : raccourcis souvent, pour imprimer plus de rythme à la performance. Le DJ coupait régulièrement le beat pour laisser chanter les fans (ils connaissent les paroles par cœur…), et Booba a même arrêté de chanter après quelques secondes pour reprendre a capella sur Comme une étoile ou AC Milan (jouée trois fois : une de trop ?).
Sur scène, l’homme de Boulogne livre un egotrip généreux, casse les rythmes et prend son temps : « C’est la fête ce soir morray ! C’est pas un concert, c’est une soirée ! » A mi-soirée justement, une mannequin rentre sur scène (Rosa Acosta, aperçue dans le clip de Caesar Palace), avec dans ses bras un disque de platine : Futur cartonne et Booba est fier, son public aussi : « Disque de platine, morray ! » Grande famille du rap français oblige, B2O a adressé des mots poétiques à Rohff et surtout à La Fouine (pas besoin de vous faire un dessin) ; il s’est même inquiété pour lui : « Il est pas là, La Fouine ? Il a pas pu nir-ve... », avant de poser sa voix sur T.L.T. (dernier morceau clash en date).
La vraie absence vient en fait de Kaaris, le rappeur de Sevran, succès du moment avec son récent morceau Zoo et sa mixtape Z.E.R.O. sortie l’an dernier : le public le demandait dès qu’il pouvait (« Kaariiiiis ! »). Et c’est sans son poulain que Booba a sorti les Kalash comme à Marseille… Regret : on a pas entendu résonner dans l’arène cette question qui hante les esprits depuis six mois : « Si j’te fends le crâne en deux, quel œil va s’fermer le premier ? » Le samedi 13 avril c’est Rim’K qui est apparu sur scène pour claquer un feat. sur Call Of Bitume : dommage on y était pas.
Arrivé à 20h30 on aura passé près de trois heures dans l’arène Zénith, remonté à bloc pendant le set de 45 minutes des deux DJ qui ont précédés B2O (Drake et Rick Ross essentiellement) et envoûté par l’homme aux veines remplies de poulet braisé. Trois heures bonne ambiance : l’hôte de la soirée a toujours le mot pour rire. Bouteille de Jack en main, Le Duc scrute son premier rang – là, aucune fille apparemment –, ce sont eux qui font exploser des pétards dans la foule : « Ils sont gentils, mais c’est des sauvages ! », lâche-t-il avec un sourire. On rigole en chœur. Avec cette performance de deux heures, tenue de bout en bout d’une main de maître, Booba réaffirme en action et en chansons qu’il est notre meilleur rappeur français. Mais qui en avait douté ?
P.S. : Morray s’emploie aussi au féminin selon Booba. Ex. : « T’es fraîche, morray !«
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