La pop émerveillée d’un duo anglais mené par le leader des Horrors. Critique et écoute.
I’m Not Stupid, s’offusque une chanson, ravissante. Et effectivement : candide, naïve, enfantine, émerveillée, cette pop-music l’est, mais jamais nunuche, greluche, baluche. Derrière cette pop en Chamallow, derrière ces voix le plus souvent sylphides, derrière cette euphorie pâlichonne se dissimule pourtant un homme, aux idées noires en plus : le passionnant Faris Badwan, qui délaisse ici le psychédélisme chamarré de The Horrors pour une aventure lo-fi, bonsaï, plutôt noir et blanc, aveuglante de clarté.
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Il chante peu, laissant les psalmodies à une chanteuse d’opéra, la Canadienne Rachel Zefira, qui plane, spectrale, au-dessus de torch-songs à la Carpenters, souvent réduites à un murmure, un soupir, un soupçon de grandeur. Et de The Lull à Not a Friend, ce sont les plus grandes heures du label 4AD que ravivent ces chants d’éther, somptueusement enguirlandés, onctueusement hantants.
Car la production est ici assez prodigieuse, évoquant les trésors d’imagination que déployait à Londres, alors que Spector triomphait aux Etats- Unis avec son mur du son, le pauvre Joe Meek et son mur de briques sombres. Dans ces dédales, la nuit, tous les chats sont gris.
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