Orchestrations massives et production
emphatique : les Anglais un peu écrasés. Critique et écoute.
Au départ, ça fait quand même un peu mal au popotin. “Je ne veux plus parler de mon album solo, il me sort par les yeux. J’en ai assez des pop-songs.” L’album solo de Fyfe Dangerfield, Fly Yellow Moon, on l’avait pourtant aimé fort. Et pour ses chansons, de surcroît. Parenthèse enchantée dans la carrière du leader des Guillemots, le disque offrait à Dangerfield l’occasion de déployer son songwriting de magicien pop. Une série de ballades épurées y côtoyait des singles fougueux.
Walk the River, de retour au bercail Guillemots, est un album plus ampoulé, presque symphonique. Il s’ouvre sur un formidable morceau éponyme, à la croisée des Smiths et du Wicked Game de Chris Isaak. “On a enregistré en pleine nature. On voulait envahir l’espace, parler au ciel. On avait de grandes ambitions.”
Conséquence de cette folie des grandeurs, la suite de l’album est inégale : on passe du bruit (Ice Room) à la pudeur (I Must Be a Lover), de l’efficacité (Slow Train) à la tuerie pop (The Basket). Une véritable constante : Dangerfield chante comme un prince. Ne lui en déplaise, on serait quand même ravi qu’il délaisse les orchestrations emphatiques et se replonge dans la réalisation d’un album solo.
Johanna Seban