C’est inéluctable. Le début du 7e art adaptait les classiques de la littérature. Le cinéma moderne copiait les premiers films. La tentation du remake est trop forte, et la tendance de reboot des séries phares – ou pas – du XXe siècle est loin de s’essouffler. Pour le meilleur et pour le pire. Après X-Files et Twin Peaks, quelle série de notre enfance les studios fatigués vont t’il bien pouvoir aller chercher ?
Parker Lewis ne perd jamais (1990-1993)
En bon rebelle, vous ne vouliez pas porter de chemise étant petit. Jusqu’au jour où vous êtes tombé sur Parker Lewis. Coupe impeccable, sourire Kinder et une collection de chemise infinie, la star du lycée Santo Domingo avait un truc dont vous rêviez : l’invincibilité. Quintessence de l’Amérique triomphante de l’après Guerre Froide, la sitcom de la Fox présentait aussi un ingrédient nécessaire pour tout public adolescent : la défiance vis-à-vis des autorités, incarnées par la principale du lycée, Grace Musso. Procédurière et psychorigide, on pourrait aller jusqu’à y voir une allégorie de l’URSS qui perd toujours.
Depuis, les trois acteurs principaux ont eu des trajectoires bien différentes. Billy Jane, qui jouait Michael, le teddy boy motard séducteur, est évidemment devenu musicien, et se produit pour les troupes américaines dans le Golfe. Troy Slaten, dit « le bizut » est aujourd’hui un avocat californien respecté. Sans surprise.
Corin Nemec porte lui toujours des chemises mais se contente d’apparitions dans NCIS et de chef d’œuvres tels Sand Shark : Les Dents de la Plage ou plus récemment Lake Placid vs. Anaconda. En 2013, Corin perd la moitié de son sang après un gros accident de bateau au Belize. Il est pourtant toujours là, toujours invincible.
Parker Lewis can’t win, un remake à l’envers qui s’avérait en fait être un cauchemar à la fin, on serait bien obligé de regarder, en deuxième partie de soirée sur TMC.
Hartley, Cœur à Vif (1994-1999)
Tu avais un peu honte, mais tu ne pouvais pas t’empêcher de savoir si Drazic allait finalement conclure avec Anita. Un peu comme ta mère et Victor Newman dans Les Feux de l’Amour. Heartbreak High c’était ta mièvrerie à toi, que tu regardais en secret sur MCM avec la télécommande près de la main au cas où quelqu’un te surprendrait. Si la série australienne basée dans un quartier multiculturel de Sydney était considérée comme une fidèle représentation de la jeunesse de l’époque lors de la première saison, elle s’est embourbée dans une bataille pour l’audimat dans les six d’après. Un peu comme Skins, les ecstas et Crystal Castles en moins.
Alex Dimitriades, Nick Poulos dans la série joue principalement dans des films de son pays d’origine, dont De plein fouet, présenté à Cannes en 1998. Le reste du temps, il passe des disques de hip hop et de dance en Australie, sous le nom de DJ Boogie Monster. Forcément. La carrière de Callan Mulvey, l’interprète de Drazic, se porte bizarrement assez bien. Après des apparitions dans Zero Dark Thirty, 300 et Captain America, Mulvey campait le rôle du principal lieutenant de Lex Luthor dans le récent Batman v Superman.
Un beau film social sur les ados d’Hartley High vingt ans après, ça tournerait bien dans quelques festivals.
Chair de Poule (1995-1998)
Les jeunes d’aujourd’hui sont trop protégés. Eux aussi ont le droit d’avoir peur, eux aussi ont le droit à Chair de Poule. Adaptation des romans frisson de Robert Louis Stine, dit le « Stephen King de la littérature enfantine », la série a terrorisé toute une génération dans KD2A, à coups de pantins maléfiques, momies et autres classiques du genre. Il suffit de regarder le générique délavé pour ressentir un certain malaise. Dès les premières notes d’une sorte de pastiche d’Happy Mondays pour bal d’Halloween, votre cerveau d’enfant se remet en marche, et pas mal de cauchemars ressurgissent. Ces putains de vers à la fin…
En 2015, un revival de Goosebumps a bien eu lieu, au cinéma. Un scandale, le film servi par ce gentil bouffon de Jack Black étant une comédie et ne provoquant la chair de poule que par la gêne.
Un retour, au moins en mini-série préparerait vos enfants à la vie. Ou du moins à regarder American Horror Story sereinement une fois l’âge légal atteint. Au casting on pourrait retrouver Ryan Gosling et Hayden Christensen, les deux acteurs ayant déjà apparu dans la série dans les années 90.
https://www.youtube.com/watch?v=og7YBXioY9Q
Le Caméléon (1996 – 2000)
X-Files, c’était possible pour certains. Mais pour les plus jeunes, non. Diffusé en fin de soirée, en clôture de la mythique trilogie du Samedi d’M6, la série au générique le plus terrifiant de l’Histoire passait trop tard pour plein de gamins, envoyés au lit par leurs parents. Du coup, il fallait profiter des deux séries d’avant. Il y avait The Sentinel, certes, avec Danny Bilson, qui joua le premier mari de Terri Hatcher dans Desperate Housewives, mais surtout Le Caméléon. The Pretender, en VO, raconte l’histoire de Jarod, un génie capable d’apprendre un métier en quelques jours, pouvant ainsi changer d’identité à volonté. Mais si Jarod doit vivre cette vie pour le moins dissolue, c’est parce qu’il est poursuivi par les agents du Centre, la société secrète qui l’a enlevé et formé étant enfant.
À chaque épisode, le terrifiant Monsieur Raines, une sorte de Monty Burns sous respiratoire, lance ses sbires à la poursuite de son meilleur produit. Parmi eux, le doux Sydney, la femme fatale Miss Parker et son demi-frère, Monsieur Lyle, joué par le deuxième mari de Terri Hatcher dans Desperate Housewives, le plombier, Mike Delfino. Si la routine de Jarod pouvait se faire quelque peu redondante, la mythologie de la série contribua à maintenir une audience respectable jusqu’à un cliffhanger dégueulasse à la fin de la saison 4. Suspendu par TNT, Le Caméléon n’offrit qu’une faible consolation via un téléfilm sorti en 2001.
En 2013, le créateur de la série Steven Long Mitchell tweetait « Le Caméléon revient – et il revient bientôt. » Pas si bientôt que ça, visiblement. Il serait pourtant temps, l’acteur principal Michael T Weiss n’ayant pas travaillé depuis trois ans, à en croire sa fiche IMDB.
@FrustratedTpFan The Pretender is returning – and soon.
— Steven Long MItchell (@PretenderSteve) June 21, 2013
http://www.dailymotion.com/video/x366odt
Sabrina l’apprentie sorcière (1996-2000)
Bien sûr il y avait Sabrina, l’adolescente à bouille sympathique jouée par Melissa Joan Hart. Il y avait aussi ses tantes, et surtout tante Zelda, qui inventa le concept de Milf avant l’heure. Mais il y avait surtout ce chat noir, Salem, qui s’exprimait comme un personnage sorti d’Hercule Poirot.
Phénomène aux États-Unis, la sitcom d’ABC a accueilli une sélection d’invités totalement folle, dont Britney Spears, le groupe punk Violent Femmes, N’Sync, Avril Lavigne et même Bryan Cranston, dans le rôle d’un troll avocat désireux d’épouser Sabrina par tous les moyens. Et oui.
Le 30 mars dernier, l’actrice principale raconte qu’une réunion était prévue pour discuter d’un éventuel reboot. Deux semaines plus tard, Melissa Joan Hart se rétracte, en balançant au site Digital Spy :
« Il n’y pas de reboot, soyons clair. Ce ne sont que des rumeurs. Je pense qu’il y aurait beaucoup de gens intéressés si ça aboutissait. […] Personne n’a entamé les démarches pour s’y mettre et le faire tout de suite. »
Une suite est donc possible, mais pas tout de suite. Peut-être que Netflix, avec qui Joan Hart est en contact, attend la fin d’une autre série, avec une autre sorcière un peu plus puissante que la gentille Sabrina…
En attendant, vous pouvez regarder un dîner entre Sabrina et Salem mal tourner dans un épisode de Funny or Die, filmé en 2012.