En T-shirt, porte-monnaie ou canapé, après des siècles d’invisibilité, cet automne le vagin sera partout. Un vagin à la moumoute indomptée, masturbé pendant les règles. Ce motif de T-shirt a causé une rupture de stock médiatisée chez American Apparel à travers les Etats-Unis.Sans surprise ? Presque. Mannequins trans ou slogans “Gay O.K.”, l’enseigne aime jouer […]
En T-shirt, porte-monnaie ou canapé, après des siècles d’invisibilité, cet automne le vagin sera partout.
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Un vagin à la moumoute indomptée, masturbé pendant les règles. Ce motif de T-shirt a causé une rupture de stock médiatisée chez American Apparel à travers les Etats-Unis.Sans surprise ? Presque. Mannequins trans ou slogans « Gay O.K. », l’enseigne aime jouer des gender studies pour faire rougir, mais s’aventure aujourd’hui sur un terrain brûlant. En collaboration avec Petra Collins, une artiste féministe canadienne de 20 ans, AmAp aurait même lancé une mode improbable cette saison, nous assurent le magazine Cosmopolitan ou le site Jezebel. Le Pussy Pouch, sac à main en cuir au clitoris percé de Rachel Feinberg ; la Vulvette, pochette rose kiki pour iPhone 5 ; ou la pince à cheveux façon petites lèvres sur le site Etsy : une armée de foufounettes cartoonisées et pop entreprennent une compétition fashion aux pâtes zizi, verres à pintes phalliques et couilles brioches qui ont depuis longtemps envahi la culture de masse.
Car si la langue française regorge de « couilles molles » et de « têtes de bite », le vagin a longtemps été enveloppé d’un mysticisme doublé de peur profonde, « bouche de l’enfer » dans de nombreuses religions ou « vagina dentata » (vagin à dents) en psychanalyse. En découle un tabou de bienséance patriarcale, permettant au zizi d’apparaître sur des caricatures historiques mais barrant la sortie à son alter ego Dame Zézette. Camouflage qui n’est pour autant signe de privilège : comme la burqa, rester voilé n’est souvent pas synonyme d’adoration mais d’objectification. Depuis les années 60, des artistes comme Valie Export ou Carolee Schneemann tentent de lever le rideau sur l’entrejambe. Sujet qui garde tout de même une qualité revendicatrice jusqu’à aujourd’hui, et dont le combat continue à travers des livres comme Vagina de Naomi Wolf (2012). Quant au T-shirt de Petra Collins, il donne un visage lisible par tous à ce que Sigmund Freud décrivait comme un manque. Il tourne le dos au « Penis Envy » et transforme ladite absence en sujet habité. Face à l’omniprésence phallique, le vagin gagne une nouvelle qualité iconique, universelle et, enfin, mainstream. Entre effet de choc et de banalisation (et certes, de consommation), on peut enfin regarder la petite culotte droit dans les yeux.
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