Ce week-end, le plus incontournable des clubs électro parisien, le Rex Club, a fêté ses 25 ans avec une programmation de haut vol (Luciano, Chloé, Jennifer, Isolée…). L’occasion de revenir sur les grandes lignes de l’évolution de la scène électro et house depuis la création du club en 1973, avec Christian Paulet qui l’a dirigé […]
Ce week-end, le plus incontournable des clubs électro parisien, le Rex Club, a fêté ses 25 ans avec une programmation de haut vol (Luciano, Chloé, Jennifer, Isolée…). L’occasion de revenir sur les grandes lignes de l’évolution de la scène électro et house depuis la création du club en 1973, avec Christian Paulet qui l’a dirigé de 1988 à 2005.
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Après des années de « dancing » et de concerts rock « trop bruyants », le Rex change de visage en 1988. Le jeune Christian Paulet, 22 ans, propose à Bruno Blanckaert de lui confier les clés du lieu pour les deuxièmes parties de soirées et d’y implanter l’alors naissante culture techno. Même si la concurrence est rude à Paris, le Rex Club et sa modeste capacité de 850 personnes a réussi à traverser les trois dernières décennies sans perdre de son impertinence, et de sa majesté. Il reste pour beaucoup, public d’initié et DJ internationaux, l’un des meilleurs clubs électro au monde. Paulet deviendra le manager de Laurent Garnier au début des années 90 et restera à la tête du temple électro parisien pendant presque 20 ans, avant de raccrocher en 2005 et donner les manettes à Fabrice Gadeau.
Comment vous êtes-vous retrouvé à 22 ans à la tête du Rex Club ?
Je suis rentré au Rex en 1984 comme régisseur général avec l’équipe de Garance Production. A l’époque, j’organisais déjà des concerts rock avec une petite association. En 1986, on a eu des problèmes en interne avec le cinéma attenant. On ne pouvait plus faire de balances l’après-midi et les concerts à 20h parasitaient complètement le son de la salle. Garance est parti à ce moment là pour racheter l’Elysée Montmartre mais j’ai décidé de rester et de proposer au propriétaire de ne plus faire que des soirées. Au début, on ne faisait que des soirées rock, mais il ne se passait plus grand chose musicalement et festivement. En 1988, une équipe d’organisateurs anglais a alors débarqué pour organiser les soirées « Jungle » et on présentait des artistes et des musiques complètement nouvelles. Comme avait pu le faire le disco plus tôt, ces soirées ont redonné une vraie impulsion à la nuit parisienne, on avait de nouveau envie de sortir.
A quoi ressemblait le public du Rex au début du mouvement techno ?
On touchait un public de curieux, d’explorateurs, qui avaient déjà entendu parler de ce son, des amateurs éclairés, gay friendly, fashion. Avec le son électronique, je découvrais un nouveau public qui vient faire la fête pas uniquement pour se montrer et draguer. Au début, les Anglais de « pure organisation » faisaient venir des bus de teuffeurs d’Angleterre pour mettre l’ambiance et éduquer le public parisien à cette nouvelle façon de danser et d’appréhender ce son.
Qu’a changé l’arrivée de la French Touch ?
Avant la French Touch, l’image de la musique électronique était très négative dans les médias, elle était associée presque automatiquement à une musique de drogués. Ce mouvement n’a pas révolutionné la musique artistiquement, mais a été une étape importante. La médiatisation a ouvert la musique électronique à un plus large public et l’image du DJ est devenue positive. La French Touch, qui est une musique très sage, a permis la starification du mouvement et une reconnaissance culturelle et sociale.
Que pensez-vous de l’évolution du clubbing aujourd’hui ?
Depuis trois ans, il se passe des choses intéressantes qui se montent essentiellement en dehors des clubs. Ils ne sont plus précurseurs, ni fournisseurs de nouveaux talents et de nouveaux styles. Aujourd’hui, ce sont des petits collectifs et labels qui montent des soirées. Leur attitude me rappelle les débuts du mouvement. Ils ne cherchent pas forcément la médiatisation et travaillent en quasi autonomie. Avec la diversification de lieux de fêtes à Paris, les clubs ont du également faire des efforts pour se maintenir. La concurrence est telle que tout le monde a été obligé d’améliorer sa qualité d’accueil, de confort et de prestation. Avant le jeune public prenait ce qu’on voulait bien lui donner, mais il est aujourd’hui plus éduqué et exigeant. Il ressent le besoin de s’impliquer, de participer, il est en quête d’une identité et revient aux fondamentaux ; ceci explique la très haute côte des anciens DJ comme Laurent Garnier en ce moment. Le public actuel est intéressé et intéressant, il est sorti de ce besoin impératif de tube.
A quoi ressemblera le clubbing dans quelques années ?
Je refuse de croire, dans un délire de science-fiction, qu’on pourra acheter des performances d’artistes pour les avoir en hologramme chez soi. Je pense au retour d’une forme de sincérité, on soignera davantage les événements et l’intégrité des artistes. La musique électronique continuera à se réinventer parce qu’elle s’adapte bien, elle est tout terrain et se mélange avec d’autres style musicaux, c’est la musique idéale pour la fusion.
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