15 millions d’abonnés sur Facebook (soit 5 millions de plus que Michelle Obama), à la une de magazines pointus, et aux premiers rangs de défilés huppés: Kim serait-elle le nouveau visage de la mode ? Dans une nuit étoilée au milieu d’un désert Photoshop, Kim Kardashian est allongée sur une moto en pleine course, les seins […]
15 millions d’abonnés sur Facebook (soit 5 millions de plus que Michelle Obama), à la une de magazines pointus, et aux premiers rangs de défilés huppés: Kim serait-elle le nouveau visage de la mode ?
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Dans une nuit étoilée au milieu d’un désert Photoshop, Kim Kardashian est allongée sur une moto en pleine course, les seins au vent. Le conducteur, son fiancé Kanyé West est amoureusement penché sur elle et simule une relation sexuelle. Miley Cyrus et son twerk peuvent aller se rhabiller. Les tortillements de Kimye (Kim and Kanye, comme les surnomment les tabloïds américains) dans le clip du rappeur ‘Bound 2’ font les choux gras des médias, et auréolent la jeune femme d’un statut d’icône prédatrice moderne, qui mêle allégrement codes vamp et soft porn.
Autrefois une starlette de téléréalité de seconde zone, Kim rencontre aujourd’hui une gloire aussi fulgurante qu’improbable. A commencer par le milieu de la mode. Inspirée par son mari triomphalement fashion victim, elle orne la couverture de l’Officiel, du magazine de Carine Roitfeld ‘CR Story’, et le créateur de Givenchy Riccardo Tisci ne jure que par elle.
En opposition directe à la tendance actuelle pour le minimalisme scandinave, ses tenues
aguicheuses, saisissantes de vulgarité, pourraient, malgré elle, en dire long sur la société du chiffon. «Elle est le contraire parfait de la mode contemporaine. Elle est généreuse, excessive, à tous niveaux, c’est une femme comme on n’en voit plus. La mode s’inspire de son contraire, et Kim, qui est pire que vulgaire, en devient terriblement moderne» analyse Nicolas Ouchenir, calligraphe pour la mode qui œuvre pour Dior, Louis Vuitton, Lancôme, entre autre.
Car Kim, c’est avant tout une Kardashian, famille richissime de Los Angeles. Son père Robert Kardashian, l’avocat de O.J. Simpson, décède en 2003 et laisse à son épouse Kris et ses trois filles Kourtney, Khloe et Kim un pactole les mettant à l’abris. Ce foyer de femme dévoue corps et âme à son ascension médiatique grand public: elles lancent leur show de téléréalité « L’incroyable famille Kardashian » en 2007, ainsi que leurs lignes de parfum, bijoux fantaisie, vêtements éponyme grande surface. L’Amérique répond positif, car ce matriarcat reflète à la fois un rêve de luxe et celui d’un combat d’une mère célibataire et d’origine étrangère.
Mais cela ne suffit pas à Kim, qui se projette sur de plus prestigieux sommets. Ainsi, elle s’applique à générer des scandales médiatiques à n’en plus finir: sex tapes avec son petit ami le rappeur Ray J., mariage de 72 jours sponsorisé par diverses marques, divorce brutal. Besoin d’attention dont elle ne démord jamais: cette année elle accouchera même en live de sa fille North West sur son émission. (les contractions, mais pas jusqu’au bout !) Sa rencontre avec Kanye West, avec qui elle sort depuis 2012, est sans doute sa plus grande réussite professionnelle. Il apparait sur son show, catapulte les vues, et lui impose un relooking. Soudain, Kim porte du Margiela et du Céline –mais avec un style tout aussi sexy-, s’affiche aux premiers rangs de défilés branchés, et fait amie-amie avec Nick Minaj.
A quoi est dû le succès d’une star qui n’a rien fait pour le mériter ? Pour l’Amérique, une chose est sûre. Cette Paris Hilton orientale aux faux airs latinos et au fiancé black ressemble à l’Amérique contemporaine. A l’encontre d’une blondeur WASP bien née, leur succès a un visage multiculturel, venu de peu et que rien n’arrête, des Roméo et Juliette trans-classe.
Quand à sa féminité, Kim déploie un idéal un poil gangster. Elle glorifie une féminité agressive et exacerbée, en réponse à un machisme tout aussi outrancier. A eux deux, Kimye exhibent une performance des genres aussi extrême qu’ambigüe – c’est sans doute leur profonde théâtralisation qui excite la mode, avide de gender trouble.
Et finalement, Kim, sans grand talent ni intellect, et son refus d’un parcours de réussite classique bourgeoise –université, travail-, valide une voie alternative et antique de succès : elle use fièrement de ruses, ragots, charme à gogo. En Bel Ami version trash, elle raconte une vie où la fille d’un avocat véreux et immigré peut avoir accès à tous les sommets. Est-si surprenant qu’elle fasse rêver ?
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