Storyteller, organisateur d’événements, mannequin, community manager : aujourd’hui, un styliste doit savoir faire plus que des vêtements. “Mais laissez-moi passer ! Puisque je vous dis que je suis sur la liste !” Sur les Grands Boulevards, fin septembre, on frôle l’émeute et la fashion crise de nerfs : pas question de rater le show Jacquemus, […]
Storyteller, organisateur d’événements, mannequin, community manager : aujourd’hui, un styliste doit savoir faire plus que des vêtements.
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« Mais laissez-moi passer ! Puisque je vous dis que je suis sur la liste ! » Sur les Grands Boulevards, fin septembre, on frôle l’émeute et la fashion crise de nerfs : pas question de rater le show Jacquemus, marque inconnue il y a deux saisons. Après avoir investi une piscine, Simon Porte, son jeune créateur de 23 ans, avait cette fois invité dans une salle de jeux d’arcade. Un décor pop, adulescent, plus proche du dance-floor que du catwalk, que les filles Jacquemus, vêtues de T-shirts « J’aime la vie » foulaient de leurs Spring Court blanches au rythme de Main dans la main d’Elli et Jacno. A la fin, en lieu et place du discret et habituel salut, Simon, gueule d’ange et showman naturel, laissait éclater sa joie et sautait en bermuda rose entouré de ses mannequins.
Même fièvre quelques jours plus tard à l’entrée du défilé Olympia Le-Tan. En escarpins, portejarretelles et bas résille, une armée de pin-up à la frange roulée et aux regards aguicheurs surgissait sur l’air des Marins, Amis, Amants ou Maris de Michel Legrand (la célébrissime BO des Demoiselles de Rochefort). Un tableau pétillant qui venait confirmer la tendance : celle d’une génération de stylistes (on pourrait citer Carol Lim et Humberto Leon de Kenzo ou Maroussia Rebecq d’Andrea Crews) plus directeurs artistiques que simples concepteurs de fringues. Des créateurs polyvalents et multitâches, à la fois designers, entertainers, organisateurs d’événements, mannequins, portemanteaux, attachés de presse, community managers. « En dix ans, ce que l’on demandait à un jeune créateur a totalement changé, confirme Felipe Oliveira Baptista, actuel D. A. de Lacoste. Faire des vêtements ne suffit plus. »
Relégué au second plan, le vêtement s’insère dans une communication globale. Un storytelling plus ample que Jacquemus décline sur Instagram ou dans de petits films qui ancrent l’identité de la griffe. Car cette mutation générationnelle correspond également à une demande des marques, friandes d’expériences totales et continues. Elle a l’avantage, dans une mode de plus en plus massifiée qui comprime les délais de production et essore les individualités, de renouer avec la tradition d’une mode-spectacle et théâtrale, capable d’humour et de folie. Un lieu d’ici et maintenant.
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