Ces dernières années, la mouvance hipster a fait son nid à Beyrouth. Certains coins de la capitale libanaise, comme le quartier du Mar Mikhaël, vibrent au son des soirées rooftops et électro pointues, à tel point que la ville a été rebaptisée par certains “le Williamsburg du Moyen-Orient”. Jusque là, rien de très étonnant puisque la […]
Ces dernières années, la mouvance hipster a fait son nid à Beyrouth. Certains coins de la capitale libanaise, comme le quartier du Mar Mikhaël, vibrent au son des soirées rooftops et électro pointues, à tel point que la ville a été rebaptisée par certains “le Williamsburg du Moyen-Orient”.
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Jusque là, rien de très étonnant puisque la notion un peu protéiforme de hipster (renvoyant entre autre à la jeunesse citadine, à la fois geek et bohème, fan de culture avant-gardiste) a été reprise par bon nombre de jeunes urbains branchés du globe, de San Francisco à Berlin en passant par Madrid et Paris.
Seulement, comme l’explique un article du Daily Star, le mouvement hipster de Beyrouth représente peut-être plus qu’ailleurs une véritable “alternative” car il se manifeste dans une société où les canons de beautés sont souvent hyper formatés. A l’heure où l’on accuse la mouvance hipster de bien des maux (snobisme, dénaturation des capitales, courant bourgeois de faux décalés, etc.), le journal insiste sur la nouveauté qu’il apporte à la jeunesse libanaise, créant des codes différents et une certaine marge de liberté.
Il y a une semaine, le Red Bull SoundClash prenait ses quartiers à Beyrouth pour des sessions musicales entre rock arabe, électro pop indie et reggae. C’était l’occasion de voir se réunir un bel attroupement hipster composé de filles au rouge à lèvres pétant et au crâne nu, et de garçons en shorts portant des fedoras. La journaliste du Daily Star, auteure de l’article, Beckie Strum, explique : “Alors que la mode hipster pourrait être commercialisée et perçue comme incontournable et banale presque partout ailleurs dans le monde, elle représente ici une alternative comparée aux tendances ultra-féminines qui régissent la plupart de la société. Pensez aux extensions de cheveux, à la chirurgie esthétique, aux talons plate-forme qui sont ici hyper répandus.”
Qui n’a en effet jamais entendu parler, voire même visionné sur YouTube, les clips de certaines chanteuses libanaises connus pour leur côté kitch et cheap ? La plus célèbre de ces chanteuses est sans doute Haïfa Wehbe (voir son tube Yama Layal) dont le dernier album était en tête des ventes sur iTunes en 2012.
Sans être représentatives de la mode libanaise en général, ces starlettes expertes des clips chauds et des tubes mainstream, en soulignent la vision souvent clichée du féminin. Pour Beckie Strum : « (…) il n’y a aucune diversité dans la représentation des femmes dans la pop-culture. La moindre pop star joue des clichés glamour et est ultra sexualisée. Elles ont absolument toutes les cheveux longs, elles sont botoxées et ont les yeux charbonneux. » Face à ces standards, le mouvement hipster a tendance à remettre en cause des normes de genre qui n’avaient jamais vraiment été ébranlées. Exemple qui peut sembler anecdotique mais qui est pourtant assez parlant : on croise aujourd’hui pas mal de filles au crâne rasé à Beyrouth.
Mais ce comportement antisystème était-il vraiment nouveau ? Les mouvements grunge, punk ou encore hippie étaient bien sûr revendicatifs, mais Internet et la mondialisation ont visiblement changé la donne. Si la mode hipster a infiltré notre paysage urbain de manière particulièrement forte, c’est d’abord grâce à ces deux vecteurs. Son impact anti-mainstream se définit ensuite en fonction des pays où elle se développe.
Au RedBull SoundClash, on pouvait aussi voir la troupe de Mashrou’Leila et leur leader Hamed Sinno, militant de la cause gay en pays arabes, ainsi que la chanteuse franco-marocaine Hindi Zahra, dont la tenue sobre était bien loin des canons des vedettes libanaises. Par-delà la Méditerranée, le mouvement représente pour sûr un certain terrain d’expérimentation pour des looks, et surtout pour des courants de pensée, longtemps restés à la marge des moeurs.
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