Disparaître pour éviter la confrontation : cette méthode de rupture qui prend tout son sens avec les nouvelles technologies a désormais un nom : le ghosting. Explications et témoignages. Ne plus donner de signe de vie dans le but de quitter quelqu’un n’est pas un phénomène nouveau. Sauf que cette tendance s’accentue, au point qu’il […]
Disparaître pour éviter la confrontation : cette méthode de rupture qui prend tout son sens avec les nouvelles technologies a désormais un nom : le ghosting. Explications et témoignages.
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Ne plus donner de signe de vie dans le but de quitter quelqu’un n’est pas un phénomène nouveau. Sauf que cette tendance s’accentue, au point qu’il existe désormais un nom pour qualifier cette attitude: le “ghosting”. Quand on dit ghosting, on entend ghost, soit fantôme. On “ghoste” quelqu’un quand on ne répond plus aux mails, textos, ou appels. La personne qui ghoste n’est pas morte, loin de là, elle ignore simplement l’autre.
Aux Etats-Unis, le ghosting a déjà fait l’objet d’une étude menée par YouGov et le Huffington Post en octobre 2014. Sur mille personnes, l’étude révèle que 11 % ont déjà ghosté leur partenaire. Le magazine Elle a également réalisé une étude sur 184 personnes, par laquelle on apprend que 16 % d’hommes disent s’être déjà fait ghoster, ainsi que 24 % de femmes. Et ce au moins une fois dans leur vie.
Pourquoi ghoste–t-on ?
On ghoste d’abord pour s’épargner une discussion trop sérieuse et ne pas avoir à se justifier. Ceux qui ghostent se disent parfois en “manque de confiance” : ils ne savent pas comment formuler leur volonté de ne plus revoir la personne en question. Dans d’autres cas, ils veulent éviter le conflit et donc, ne répondent plus aux différentes sollicitations. Patrice, 31 ans, qui travaille en tant que consultant, explique que pour lui “ne plus donner de nouvelles du tout est parfois plus pratique que d’expliquer à la personne pourquoi je n’avais plus envie de la fréquenter, notamment parce que les raisons étaient parfois difficilement avouables. En fait, il se produit comme un effet boule de neige, on finit donc par ne plus jamais donner de nouvelles. Cela m’évite d’avoir à affronter des reproches ou des regards tristes. Je dois dire que j’en ai parfois eu honte, mais ce n’est pas plus traumatisant que de directement bloquer quelqu’un sur Facebook ou sur son téléphone”.
Il poursuit : “J’ai vu pas mal de potes cesser toute communication avec une personne simplement parce qu’ils ne considéraient pas que ça valait la peine de prendre trop de temps pour expliquer leur démarche.” Julie, 21 ans, avance avoir été une pro du ghosting: « J’ai ghosté quelqu’un que je revoyais quand ça se passait mal avec mon mec. Le jour où je me suis vraiment remise avec lui, j’ai donc ghosté l’autre mec: je l’ai bloqué sur Facebook et sur mon iPhone. Comme ça, j’étais sûre de ne pas avoir à lire ses messages ou savoir s’il essayait de me contacter ». Elle se dit certaine qu’il n’a pas dû comprendre sa réaction, d’autant qu’ils se sont toujours très bien entendus, mais que c’était plus simple pour elle d’agir comme ça.
Les “victimes” entre amertume et incompréhension
De l’autre côté, ceux qui se font ghoster expriment leur incompréhension face à cette attitude dont ils gardent un souvenir souvent amer. Annabelle, 27 ans, s’est récemment fait ghoster après un an de relation : « juste avant que ça arrive, on est parti en voyage en mode romance, tout se passait très bien entre nous. Puis il est parti aux USA. Trois jours après son départ, alors que j’avais pris mes billets pour le rejoindre, il ne m’a plus donné aucun signe de vie. C’était il y a plus d’un mois et je n’ai toujours pas de nouvelles. Le plus difficile à digérer est de se faire traiter comme une moins que rien, surtout au bout d’un an de relation”, explique t-elle.
Tout comme Chirine, qui, après plus d’un an de relation, s’est totalement fait ignorer: “j’essayais de comprendre ce qui se passait. Lui, de son côté, filtrait mes messages et mes coups de fils, a supprimé son compte Facebook et a changé le mot de passe de notre compte Netflix. Plus il devenait ghost, plus je m’accrochais” raconte la jeune femme, encore incrédule.
La faute aux nouvelles technologies ?
Ne plus donner de nouvelles à quelqu’un ne date certainement pas du XXIe siècle. Seulement, le ghosting se remarque davantage aujourd’hui, puisqu’il est possible de stalker tout le monde sur les réseaux sociaux, et donc de constater que la personne en question communique avec les autres tandis qu’elle vous ignore. Les gens se “cachent” derrière leurs applications et souhaitent souvent éviter les confrontations directes, ressenties comme trop stressantes.
En un clic, comme pour draguer sur Tinder ou Grindr, il est facile de faire disparaître n’importe qui de notre paysage numérique. Sans cesse ultra connectés et sous pression, les gens ne prennent plus réellement le temps pour certaines choses. Par conséquent, ghoster, c’est éviter une pression supplémentaire, souvent jugée inutile. De plus, avec l’explosion de ces applications, il existe toujours autour de nous des personnes disponibles, susceptibles de nous plaire, et de nous faire très rapidement oublier l’autre.
Une manière de quitter quelqu’un version 2.0, finalement de plus en plus banale. Même Sean Penn s’est fait ghoster par l’actrice Charlize Theron au mois de juin dernier.
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