C’est la grande fête du chant et du songwriting chez ce Canadien sublime. Critique.
On ne s’est jamais remis de Soft Airplane, le précédent album de Chad VanGaalen. Il va pourtant falloir passer à autre chose : le natif de Calgary, voix à l’hélium attrape-coeurs et songwriter surdoué, petit-fils naturel de Neil Young, lui donne une suite. La page initiale de ce Diaper Island n’était pas blanche. Elle était noire, d’encre. L’amertume règne ici en maîtresse et en guide, en bile des sentiments qui se déverse à des rythmes variés, lents glouglous ou rageuses éruptions, sur des morceaux bien plus âpres que ceux de Soft Airplane.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Elle est le liant perpétuel d’un disque qui, même quand il développe son venin dans la lenteur (l’ouverture Do Not Fear, très Fleet Foxes, les belles Peace on the Rise et Wandering Spirits, la clôture au drôle de titre Shave My Pussy), ne quitte jamais l’ombre menaçante d’un rock aux nerfs à vif, produit dans une apparente sécheresse mais capable de jolies complexités. Et quand cette amertume finit par se transmuter en colère, quand elle distord les guitares du Canadien et accélère son pouls, Diaper Island sort de sacrés crocs : Burning Photographs, Replace Me, la hantée Blonde Hash et le petit tube Freedom for a Policeman sont d’impressionnants monuments de hargne.
Thomas Burgel
{"type":"Banniere-Basse"}