Soixante-cinq ans après la série originale, une nouvelle mouture de l’anthologie noire « Alfred Hitchcock présente » va voir le jour. Elle reprendra l’ADN du show culte tout en proposant une histoire originale et en faisant appel à des pointures du cinéma.
« La télévision a remis le meurtre dans les foyers… A sa juste place ! » C’est par ces mots emprunts d’un savant humour noir que le maître du suspens Alfred Hitchcock commentait l’arrivée de la télévision dans l’espace domestique et sa propre production, foisonnante, pour le petit écran. Universal Cable Productions vient d’annoncer qu’une série d’anthologie (une histoire par saison mais un ADN commun), actuellement en cours de développement et intitulée Welcome to Hitchcock, s’inscrirait dans l’héritage de celles du cinéaste tout en proposant une histoire originale déployée sur plusieurs épisodes. Avec la bénédiction des héritiers de « Hitch », cette nouvelle production compte faire appel à des cinéastes talentueux venus du grand écran, dont Chris Colombus (les deux premiers Harry Potter) pour le pilote.
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Un show télévisé culte
S’il est aujourd’hui unanimement reconnu comme l’un des plus grands cinéastes de tous les temps (les critiques qui formeront la Nouvelle Vague en France et l’indispensable ouvrage Hitchcock / Truffaut y sont pour quelque chose), le cinéaste Alfred Hitchcock s’est principalement fait connaître du grand public par les séries télévisées qu’il a imaginées, regroupées sous le nom Alfred Hitchcock présente.
Créée en 1955 pour le réseau CBS (et reprise en 1962 par NBC), cette anthologie d’histoires macabres sous-tendues par un subtil humour noir s’est déclinée en sept saisons de 39 épisodes en moyenne, proposant chacun un scénario original de 26 minutes. Une grande part de leur succès provient des présentations décalées de chaque occurrence, au son de la Marche funèbre d’une marionnette de Charles Gounod, par un Sir Alfred Hitchcock cabotin et pince sans rire.
Ces vignettes, prétexte à des mise en situations absurdes (il y apparaît en fossoyeur, en condamné au bûcher ou en percussionnistes ayant troqué ses baguettes pour des os humains), étaient introduites par l’inénarrable et traînant « Good evening », mémorable leitmotiv à l’accent British prononcé. Le maître revenait en fin d’épisode pour en exposer la conclusion sous forme de morale de l’histoire, mettant en garde le spectateur face aux danger des vices exposés, entre résignation feinte et amusement non dissimulé.
En 1962, la série The Alfred Hitchcock Hour (Suspicion) prend le relais en gardant sensiblement la même formule tout en réduisant le nombre d’épisodes (qui passe à 32) et en augmentant leur durée à 50 minutes. Deux décennies après le clap de fin de la série originale, une nouvelle version, constituée de remakes d’épisodes originaux et reprenant les présentations du cinéaste dans une version colorisée, a vu le jour avec succès.
Une importance qui dépasse le cadre de la télévision
En plus d’avoir donné son visage et transmis son ADN de réalisateur et de conteur d’histoires à la série, Alfred Hitchcock en a réalisé une vingtaine d’épisodes, qui constituent autant de petits exercices de style entre deux longs métrages. C’est d’ailleurs avec une partie de l’équipe technique du show que le cinéaste a réalisé son célèbre Psychose, qu’il envisageait comme un film sec et tranchant à petit budget, loin de la flamboyance et de la complexité de ses productions précédentes.
Les différentes séries ont également mis le pied à l’étrier à de nombreux réalisateurs (Sydney Pollack, Robert Altman ou encore Arthur Hiller y ont fait leurs armes), et accueilli plusieurs visages bien connus du grand public (on y croise John Cassavetes et Peter Falk, Robet Duvall et Charles Bronson, Kim Novak et Bette Davis…).
Un récent et important travail de réédition, piloté par Elephant films, a rendu de nouveau accessibles et dans une version restaurée un grand nombre d’épisodes des deux saisons des 60’s, dans des coffrets préfacés par Jean Douchet et accompagnés de nombreux bonus. Si les scenarii sont parfois répétitif et que la recette ne varie guère, certaines histoires font figure de bijoux oubliés, petites formes certes dans l’oeuvre (étendue) du maître du suspense, mais véritables réjouissances cinéphiles.
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