Mercredi 21 septembre, l’animateur Jean-Marc Morandini a été placé en garde à vue dans le cadre d’une enquête pour « corruption de mineurs ». Après 48 heures à la Brigade de protection des mineurs de Paris, il vient d’être déféré devant la justice et devra subir un contrôle judiciaire.
Après 48 heures de garde à vue, Jean-Marc Morandini a été déféré vendredi matin devant la justice, il a été présenté dans la foulée à un juge d’instruction qui l’a mis en examen pour « corruption de mineur » et « corruption de mineur aggravée ».
L’animateur était en garde à vue depuis mercredi 21 septembre 9h, dans le cadre de l’enquête pour « corruption de mineurs ». Une perquisition a été menée à son domicile du XVIe arrondissement dans la foulée. Selon nos informations, les enquêteurs ont saisi du matériel informatique (téléphone, ordinateur, tablette, clé USB), qui irait « dans le sens des victimes ». Et plusieurs centaines de profils sur les réseaux sociaux créés à partir de l’adresse IP de son ordinateur, auraient été découverts lors de cette perquisition.
M. Morandini, dans le cadre de sa mise en examen, devra subir un contrôle judiciaire en se rendant à la gendarmerie une fois par semaine, selon nos informations. Il lui sera également interdit d’approcher des lieux fréquentés par des mineurs, ainsi que de quitter le territoire.
Retour sur les dessous de la websérie « Les Faucons »
Des victimes présumées qui avaient décidé de saisir la justice suite à nos révélations. Le 13 juillet dernier nous publiions notre enquête sur les dessous des pratiques de Jean-Marc Morandini où nous mettions en lumière les coulisses de la websérie Les Faucons, récemment produite par Ne zappez pas ! Production (NZPP), la société de l’animateur de NRJ12. Nous révélions comment de jeunes comédiens (de 19 à 26 ans) ont été incités à envoyer des vidéos d’eux dénudés ou en train de se masturber, voire à « faire une fellation à JMM ». La plupart de ces injonctions étaient envoyées aux comédiens par une certaine « Catherine Leclerc », directrice de casting. Un prête-nom qui, en réalité, masque d’autres auteurs comme nous l’avons montré. Catherine ira même jusqu’à demander à un jeune garçon qui candidate à la série de se filmer avec son petit frère de 14 ans : « Si vous voulez vous masturber en vous approchant par exemple. Ça peut vous amuser, et lui aussi ? », propose-t-elle très sérieusement dans un courriel daté du 21 avril 2016.
Notre enquête révèle également que NZPP n’a pas toujours été très regardant sur le droit du travail. Quentin Surtel, un des comédiens de la série qui témoigne dans notre article, n’a en effet été déclaré que pour quatre heures de travail sur les trente-cinq heures et quarante-cinq minutes qu’a duré le tournage.
La semaine suivante, le 20 juillet, nous racontions l’histoire d’Hugo, à qui l’animateur – messages à l’appui – avait fait des propositions douteuses en 2012 alors qu’il n’était âgé que de 15 ans.
Dans la foulée de nos révélations, cinq des comédiens, majeurs, ont déposé plainte. Début août, le parquet de Paris a également ouvert une enquête pour « harcèlement sexuel et travail dissimulé » à l’encontre de l’animateur et se société de production. Une investigation confiée à Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) de la police judiciaire de parisienne.
Deux enquêtes ouvertes par le parquet
A la fin du mois de juillet, une autre plainte, sans lien avec la websérie Les Faucons, a été déposée. Le parquet a alors ouvert une enquête pour « corruption de mineur », prise en charge par la Brigade de protection des mineurs (BPM) de la police judiciaire de Paris. Seulement voilà, depuis le mois de septembre, Jean-Marc Morandini fait l’objet d’une seconde plainte pour des faits similaires. Deux plaignants sans lien direct avec nos enquêtes, mais qui se sont décidés à se tourner vers la justice suite à nos révélations.
C’est dans ce contexte que l’ancien animateur de Tout est possible était auditionné mercredi 21 septembre. Les confrontations entre le présentateur et les deux mineurs ont eu lieu ce jeudi 22 septembre, dans les locaux de la Brigade de protection des mineurs, quai de Gesvres, dans le IVe arrondissement. La première concerne une affaire de casting présumé douteux organisé en 2009 pour réaliser un remake du film Ken Park. Un film réalisé à l’origine en 2002 par Larry Clark et interdit au moins de dix-huit ans en France, le Conseil d’Etat avait estimé que le film comportait « une scène particulièrement crue et explicite de sexe non simulée, ainsi que d’autres scènes qui représentent elles aussi des adolescents en mêlant sexe et violence ».
Un jeune plaignant, mineur au moment des faits, affirme que Jean-Marc Morandini lui a proposé de passer un casting pour une scène dans laquelle il devait se déshabiller et se masturber. Le plaignant se serait rendu, seul, dans le domicile de l’animateur où ce dernier lui aurait proposé de poser nu. Un film qui n’a jusqu’à présent jamais vu le jour.
La deuxième affaire remonte à des faits se déroulants entre 2012 et 2013. Le plaignant, alors âgé de 16 ans à l’époque, aurait reçu par SMS des propositions sexuelles et l’animateur lui aurait demandé de se masturber devant lui.
« Je ne me rappelle plus qu’il m’avait dit qu’il était mineur »
Selon nos informations, lors de ces confrontations Jean-Marc Morandini a choisi comme système de défense de ne plus se souvenir de rien. « Je ne me rappelle plus qu’il m’avait dit qu’il était mineur », a-t-il déclaré à propos du jeune homme qui avait passé des castings pour un remake de Ken Park.
Jean-Marc Morandini, rappelé par Europe 1, était rentré de vacances pour s’expliquer et avait organisé une conférence de presse à la fin du mois de juillet. Il avait qualifié notre enquête de « parfaitement mensongère et diffamatoire » avant d’ajouter que tout ça n’était que le fruit d’une « manipulation ». Il avait récemment demandé à être reçu « dans les meilleurs délais » par les enquêteurs et à être « confronté aux personnes qui le mettent injustement en cause », comme l’ont indiqué ses avocats Céline Lasek et Patrick Klugman.
Face à toute cette polémique, I-Télé et Europe 1 ont retardé l’arrivée de l’animateur sur les antennes. Pour le moment la chaîne NRJ12, sur laquelle il présente l’émission Crimes, a choisi de continuer à travailler avec Jean-Marc Morandini.