A 75 ans, Corben prouve qu’il est au top avec ce récit d’horreur.
Richard Corben n’a jamais caché ce que son œuvre fantastique et spectaculaire devait aux maîtres de la littérature tels qu’Edgar Poe ou Lovecraft. C’est à ce dernier que le dessinateur américain adresse ici un clin d’œil appuyé. Le personnage principal, Clark Elwood, enseigne ainsi à Miskatonic, l’université fictive d’Arkham créée par Lovecraft, ressemble à l’auteur de L’Affaire Charles Dexter Ward et partage même son racisme.
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Empreint de culture amérindienne, Ratgod n’a cependant rien d’une biographie déguisée et prend la forme d’une étrange histoire d’amour dont on ressort joyeusement déboussolé. Tout en enfilant les figures imposées du genre – sacrifices humains, etc. –, Corben parvient en effet à surprendre, que ce soit par l’humour quasi burlesque (la propension d’Elwood à se faire tabasser) ou la construction habile, voire sophistiquée. Comme son trait n’a pas perdu en muscles ou en expressivité, ce savoureux récit d’horreur, mis en scène avec autorité, montre qu’à 75 ans Corben a rarement été meilleur narrateur.
Ratgod de Richard Corben Editions Delirium, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par François Truchaud, 148 p., 24 €
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