Les Français de Housse De Racket haussent le ton et impressionnent
sur un deuxième album de pop-songs valeureuses, bodybuildées
par l’incontournable Philippe Zdar. Critique et écoute.
Ils ne s’appellent ni Jo-Wilfried ni Gaël, mais Pierre et Victor. Ils n’ont remporté aucun grand chelem, ne mangent, à notre connaissance, pas de Kinder Bueno, et ne feront jamais le poids face au coup droit de Nadal. Pourtant les Français de Housse De Racket, qui avaient dégainé un premier album réjouissant il y a trois ans (Forty Love), ont vite été réduits au concept de groupe un pied dans la pop, un autre sur le court central.
Un concept qu’ils avaient eux-mêmes agencé en multipliant les références sportives et les bandeaux sur la tête. “C’est vrai qu’on avait décidé de s’appeler ainsi, de porter des polos, sourit Pierre. Mais on ne pensait pas que la chose dépasserait, voire engloutirait la musique. A un moment, on en a eu assez d’être cantonnés à ce concept ou cette esthétique. On a voulu se concentrer sur les morceaux à nouveau.” Forty Love, porté par un véritable petit tube plaqué or (Oh Yeah), a valu au duo de promener ses pop-songs entre la France, l’Angleterre et le Japon. “On jouait parfois dans des clubs pour un public très indé, et le lendemain on se retrouvait à l’affiche de gros rassemblements FM… C’était un grand écart à la fois déroutant et enrichissant.”
Logique alors que le groupe ait récemment rejoint la maison parisienne Kitsuné, connue à la fois pour son catalogue pointu et pour sa recette du carton (Two Door Cinema Club). C’est via Kitsuné que le groupe publie cet été son deuxième disque, Alesia, plus ample, lyrique et luxuriant que son prédécesseur. “On a commencé l’écriture de cet album au lendemain de la mort de Michael Jackson. On était dans une maison dans le sud de la France. On avait emporté un orgue avec nous, qui est devenu le dénominateur commun de tous les morceaux. Avec Michael Jackson mourait une certaine idée de la pop et le plus grand vendeur de disques de l’histoire. C’était comme tourner une page, et il fallait réécrire l’histoire, repartir de zéro.”
Retour à la case départ, mais avec un complice de luxe : pour Alesia, les Français ont fait appel au prolifique producteur Philippe “Cassius” Zdar. Réputé pour sa façon de changer ce qu’il touche en or (on lui doit Wolfgang Amadeus Phoenix, mais aussi la production de disques de The Rapture et des Beastie Boys), Zdar a accueilli le duo dans son studio perché sur la butte Montmartre. “Honnêtement, je connaissais le nom du groupe, mais pas vraiment la musique, nous expliquait-il avant l’été. Et puis j’ai été super séduit par les morceaux. On a passé de grands moments ici, on était même très émus lors de la dernière prise. On n’avait pas envie que ça s’arrête.”
L’arrivée de Zdar semble avoir renforcé la complicité de Pierre et Victor, copains depuis leur rencontre sur les bancs du lycée de Chaville. “Il n’y a jamais eu de problèmes d’ego dans Housse De Racket, juste des confrontations d’idées. C’était plutôt confortable d’avoir une personne, de qualité de surcroît, pour nous guider dans nos choix. Mais on a aussi pris des décisions à pile ou face. Le hasard et le danger, c’est intéressant.”
Le hasard a de toute évidence très bien fait les choses : Alesia, qui voit le groupe passer du français à l’anglais d’un titre à l’autre, est une collection de chansons pop musclées et impressionnantes. Du puissant Human Nature, qui ouvre le bal comme le bouquet final d’un feu d’artifice, à Château et sa conclusion prodigieuse, de TGV à Chorus, les bombinettes s’enchaînent à la vitesse d’un SR-71 Blackbird. “On a accepté une certaine idée de la simplicité. Avant, on avait tendance à trop intellectualiser. Et plus on intellectualisait, plus c’était perçu de façon idiote ou ludique. Cette fois, on a accepté de faire des accords très simples et d’assumer un côté épique.” 2011, année héroïque, et une grande bataille d’Alesia.
Concerts : le 23 septembre à Clermont-Ferrand, le 24 à Angers, le 1er octobre à Marseille, le 6 à Toulouse, le 14 à Nantes, le 20 à Paris (Gaîté Lyrique), le 21 à Metz, le 22 à Meaux, le 29 à Arles, le 4 novembre à Rennes, le 12 à Lorient, le 25 à Vauréal, le 26 à Tourcoing