Rencontre avec Emilie Valentin et Matthieu Jaubert, réalisateurs du 55 minutes consacré à l’une des icônes de la chanson française : l’intemporelle Françoise Hardy. A découvrir en avant-première sur le site d’Arte et le 23 septembre au petit écran.
D’où vous est venue cette idée ? Françoise Hardy était l’une de vos passions communes ?
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Emilie Valentin : En fait ce n’est pas du tout venu de nous, c’est une commande d’Arte à la base. Ils font souvent des portraits touchant à la pop culture (de Bashung à Britney Spears). Et comme Françoise Hardy est à la fois connue en France, en Allemagne et même dans toute l’Europe, ils nous en ont parlé. On n’avait jamais travaillé ensemble, et ça a été l’occasion !
Il y a beaucoup d’intervenants dans le projet venant de tous horizons (d’Anton Newcombe à Elodie Frégé, en passant par Dutronc et La Grande Sophie). Comment les avez-vous choisis ?
E.V. : On voulait de toute façon avoir des intervenants étrangers pour montrer que ce n’était pas qu’une chanteuse des sixties de la France.
Matthieu Jaubert : Au départ c’était dans le but de dire : » voilà l’héritage Hardy ». Elle rayonne tellement, il y a une mémoire collective qui est un peu diffuse et en fait, en se penchant de plus près, on se rend compte qu’elle a influencé un paquet de gens. Et on voulait vraiment montrer à quel point elle est moderne. On a fait beaucoup de demandes pour les intervenants, il y a eu énormément de réponses mais on n’a pas eu le temps de tout faire.
E.V. : Oui, par exemple Jay Jay Johansson était hyper fan, mais par manque de temps…
M.J. : Pour choisir les intervenants, on a lu sa bio et on s’est renseignés pour savoir qui l’avait côtoyée.
E.V. : Après, il y avait des classiques à ne pas oublier comme Jean-Marie Perier, qui l’a suivie pendant une grande partie de sa vie.
M.J. : Ou Pierre Mikaïloff, qui a écrit un excellent biopic sur sa vie, presque romancé et qui s’éloigne du truc factuel.
E.V. : Après, pour Jacques Dutronc, c’est arrivé tard parce qu’on pensait que ça serait compliqué, mais quand on a rencontré François Hardy, elle nous a dit qu’elle lui demanderait et qu’il dirait oui.
M.J. : Ce qui est vraiment cool puisque au départ, on n’était même pas sûr d’avoir Françoise elle-même dans le film. On avait eu des échos comme quoi c’était un peu compliqué d’obtenir une interview et puis finalement, elle a été très gentille avec nous, elle était très généreuse et a joué le jeu jusqu’au bout.
Elle a aimé le film ?
M.J. : Elle a adoré. Moi j’étais contre lui montrer avant sa sortie mais Emilie était pour, donc on lui a montré tout en sachant que c’est une personne très critique, c’est rare les gens qui trouvent grâce à ses yeux : on pensait qu’on était foutus. Mais ça lui a plu donc on était soulagés. Elle qui est une fan de l’exactitude absolue a tiqué sur quelques points, certes, mais s’est retrouvée dans l’univers que l’on a essayé de faire transparaître. Malheureusement, il y a plein d’archives que l’on n’a pas pu mettre, par soucis de temps, et c’est dommage car c’est une artiste tellement complexe. En fait, tu regardes à plusieurs niveaux, plus tu creuses dans son univers et plus tu découvres de chose. On ne sait pas comment elle a fait 27 disques à elle seule !
E.V. : Et ce qui est marrant c’est que quand tu travailles autant sur une personne, généralement tu peux vite en avoir marre et te lasser mais avec elle, sa carrière est tellement riche que j’écoute toujours la même playlist que quand on bossait sur le documentaire.
Une chanson préférée de Françoise Hardy après tout ce travail accompli ?
E.V. : L’amour en privé je pense ! C’est Andy Votel qui nous a raconté comment avait été construite cette chanson et c’était vraiment un excellent moment. Tu as beau avoir Gainsbourg et Vannier qui composent, quand Hardy se met à chanter, le morceau lui appartient. A égalité avec un autre titre, Et si je m’en vais avant toi.
M.J. : C’est marrant, on n’a pas du tout les mêmes morceaux préférés. La Question est vraiment magnifique. A quoi ça sert j’adore aussi. Et Soleil ! Bon y’en a beaucoup !
https://www.youtube.com/watch?v=P0rYZEmhn1c
Des anecdotes du tournage à nous raconter ?
E.V. : Matthieu a fait une partie du tournage avec 40 de fièvre !
M.J. : C’était affreux ! On avait une après-midi de break à Londres, quatre heures de rêve et j’étais endormi dans mon hôtel dans un état second.
E.V. : Sinon dans un autre registre, on a fait notre tout premier jour de tournage dans les anciens studios d’enregistrement du label Vogue à Villetaneuse. C’était un endroit magique. Hardy avait enregistré tout ses premiers disques sur ce label.
M.J. : Il y a aussi l’après tournage avec Dutronc !
E.V. : Ah oui ! Donc on va le voir en Corse pour l’interviewer, il est hyper cool, sa femme nous prépare à manger. Et à la fin de la journée, on devait partir et il nous a dit « Mais vous allez rentrer là ? Restez, dormez ici ! ». Et nous on était en train de se dire « Dutronc nous invite à dormir quoi ! » (rires)
C’est une belle chose d’avoir réussi à l’interviewer pour le documentaire !
M.J. : Oui ! Et surtout quand tu vois comment elle a réagi en voyant les images, alors qu’ils ne vivent plus ensemble depuis 20 ans… Tu sens que c’est une relation d’amitié très profonde, elle avait 20 ans à nouveau en voyant son interview, et lui était encore sous son charme donc c’était vraiment joli. Ils sont encore amoureux de ce qu’ils étaient il y a trente ou quarante ans.
Après François Hardy, vous avez un autre projet du même genre en route ?
E.V. : Pas encore, on aimerait bien !
Sur qui cette fois-ci ?
M.J. : J’aimerais faire un truc sur Trent Reznor, le chanteur de Nine Inch Nails, c’est mon rêve. C’est un mec que j’admire depuis vingt ans. C’est un gourou pour un nombre incalculable d’artistes.
E.V. : Moi je ferais bien Neil Young ou quelqu’un comme ça mais ça deviendrait compliqué, je ne pourrais pas le rencontrer sans tomber dans les pommes !
Françoise Hardy, la discrète diffusé le vendredi 23 septembre à 22h25 sur la chaîne Arte et disponible en avant-première sur le site d’Arte.
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