De Brighton, les belles comptines patraques d’une héritière de Tom Waits. Critique.
“One thing you should know about me…”, susurre, l’air mutin, Kate Daisy Grant en intro de son album. On sent à sa voix éraflée qu’il y a effectivement quelques détails à connaître sur la blondinette de Brighton : d’où vient ce chant à la fois jovial et bouleversé, naïf et castagné ? D’où vient ce goût féroce pour le clair-obscur qui fait de Jimmy ou de Lighthouse de tels trésors de folk bringuebalant, cabossé, maltraité et pourtant joué en toute luxuriance ?
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Ancienne choriste d’église, virtuose de claviers-jouets à l’évidence élevée à l’ombre maléfique de Nico, détourneuse malicieuse de quotidien (elle joue de la rape à fromage, de la théière ou de la casserole), Kate Daisy Grant est un petit barnum à elle seule, un cirque du soleil voilé. Ses torch-songs de peu de choses, ses fanfares de crépuscule, ses comptines apeurées, comme le merveilleux Harm’s Way, citent Le Petit Prince parmi leurs références. Et c’est bien à cet univers cruel et enfantin qu’elles appartiennent : elles dessinent des moutons, mais ils sont tous noirs.
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