Alors que les violences policières à l’encontre des populations noires sont à déplorer depuis de nombreux mois aux Etats-Unis, un consortium inédit a vu le jour pour les dénoncer : les joueurs stars de la NBA. Qui a dit que les gros bras étaient incompatibles avec l’engagement politique ?
A l’origine était la mort de Trayvon Martin
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En 2012 Lebron James évoluait au sein de l’équipe de Miami Heat, après avoir quitté deux ans plus tôt avec perte et fracas l’équipe de Cleveland qui l’avait vu grandir. Le soir du 26 février, Lebron James jouait un match du All Star Game, au même moment et à quelques kilomètres à peine de là, le jeune Trayvon Martin se faisait assassiner.
Non armé, le jeune lycéen afro-américain de 17 ans s’est fait tuer à bout portant par George Zimmerman, le garde volontaire d’un complexe résidentiel de Floride. Ce dernier a dit avoir agi au motif que Trayvon Martin arborait un hoodie (un sweatshirt à capuche) et que cela lui conférait donc une attitude suspicieuse.
Touchés et excédés par un crime raciste et stigmatisant, Dwyane Wade et Lebron James ont eu l’initiative de poser, entourés de leurs camarades des Miami Heat, avec un hoodie, en guise de soutien à Trayvon Martin mais aussi pour protester contre les violences subies par la population afro-américaine de la part des autorités.
Cette démarche fut d’ailleurs assumée par toute l’équipe des Miami Heat, qui avait fait une déclaration :
»Nos cœurs se tournent vers la famille et les proches de Trayvon Martin pour leur perte, et pour toutes les personnes impliquées dans cette terrible tragédie. Nous soutenons nos joueurs et nous nous joignons à eux dans l’espoir que leur image et notre logo peuvent ouvrir un débat national et peut participer à la guérison de la nation.’’
Leur coach Erik Spoelstra avait également ajouté qu’il s’agissait d’une « action puissante ».
La NBA, une ligue progressiste ?
Cette politisation a de quoi surprendre quand on sait que la NBA brasse des centaines de millions de dollars chaque année mais pour Gaetan Scherrer, journaliste à L’Equipe et spécialiste de la NBA, cela s’explique en partie par l’arrivée d’un nouveau boss à la tête de la ligue :
‘’Adam Silver, le nouveau patron de la ligue depuis février 2014, encourage implicitement ces prises de paroles. Il a commencé son mandat par l’affaire Donald Sterling, qui a donné le ton de sa mission : n’accepter aucune forme de discrimination, prôner l’ouverture d’esprit et le progressisme. Il a ainsi lancé une campagne contre les violences par armes à feu, à l’hiver 2015, et a également été aperçu lors de la dernière Gay Pride, à New York, sur un char aux couleurs de la NBA, en compagnie de plusieurs dizaines d’employé(e)s de la ligue. Son impact sur le mouvement actuel de politisation de la NBA est indéniable.‘’
La NBA s’est d’ailleurs toujours distinguée des autres ligues outre-Atlantique pour ses prises de position progressistes, le prédécesseur d’Adam Silver, David Stern, commissionnaire de la NBA pendant 30 ans, a lui aussi toujours soutenu la cause gay. Si son implication était moindre c’était tout de même sous son mandat, et avec son soutien, que Jason Collins était devenu le premier joueur membre d’une ligue majeure américaine à faire son coming-out en avril 2013.
Un mouvement qui s’est véritablement développé grâce aux plus grosses stars de la NBA actuelle
L’implication des joueurs de la NBA est devenue plus grande encore suite à la mort d’Eric Garner en 2014. De manière spontanée, des dizaines de joueurs s’étaient échauffés dans les jours suivants avec un t-shirt «I can’t breathe». Selon Gaetan Scherrer, le mouvement a pris encore plus d’ampleur grâce à la mobilisation des joueurs stars de la NBA tels que Carmelo Anthony qui évolue chez les New York Knicks :
‘’Il n’évoque plus seulement les violences policières mais plus globalement le malaise social, racial et politique aux USA. Suite à la fusillade de Dallas, en juillet, il a lancé un appel à tous les athlètes afin qu’ils prennent la parole et participent à changer les choses, ‘qu’importe le nombre de contrats publicitaires qu’ils allaient perdre' ».
Cela avait été suivi cet été par une intervention digne, puissante et salutaire en soutien au mouvement Black Lives Matter lors de la cérémonie des ESPY awards organisée par ESPN dans laquelle il a été accompagné par LeBron James, Chris Paul et Dwyane Wade.
En affirmant très ouvertement leur positionnement face au malaise social et racial aux Etats-Unis, les stars actuelles de la NBA se différencient très distinctement de celles qui évoluaient dans les années 90. Lorsqu’il était au firmament, Michael Jordan restait muet sur les questions politiques, et le fait qu’il sorte aujourd’hui du silence sur ces problèmes montre l’ampleur nouvelle et inédite du phénomène.
http://www.youtube.com/watch?v=aTKO4pugLb8
Une politisation qui influence d’autres ligues
La prise de conscience des joueurs de la NBA a inspiré d’autres athlètes à manifester contre les violences subies par les afro-américains. Au sein de la NFL (National Football League), le joueur Colin Kaepernick, quarterback des San Francisco 49ers, provoque des remous et divise déjà l’Amérique : depuis 2 semaines refuse de se lever pendant l’hymne américain pour protester contre les violences subies par les Afro-Américains. Le joueur est désormais suivi dans sa démarche par certains de ses collègues, Kenny Stills, Michael Thomas, Arian Foster, et Jelani Jenkins, ce qui ne manquera pas de déplacer le débat à une échelle encore plus grande, et l’on ne peut que s’en réjouir.
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