Un carnet de voyage étonnant et sensible au cœur du Kurdistan syrien, au contact de ses habitants engagés dans la lutte pour la démocratie et contre Daech.
Zerocalcare, alias Michele Rech, est connu en Italie pour ses BD et son blog autobiographiques et comiques, truffés de références geek à la pop culture et aux jeux vidéo. Ce Boulet à l’italienne, dont un premier album, La Prophétie du tatou, a été publié en français chez Paquet, est parti à deux reprises au Kurdistan, d’où il a rapporté des reportages pour l’hebdomadaire Internazionale (équivalent de Courrier international) ainsi que ce roman graphique, Kobane Calling.
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Un premier voyage mi-mission humanitaire, mi-observation l’emmène, avec quelques camarades, au Kurdistan turc, à quelques kilomètres de la frontière syrienne et de territoires occupés par Daech. Quelques mois plus tard, il se rend en Irak auprès de résistants du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) puis au Rojava, ou Kurdistan syrien, zone non reconnue internationalement mais gouvernée démocratiquement.
Là, il rencontre ses habitants – et notamment les combattantes kurdes des YPJ (Unités de protection des femmes) – engagés pour la démocratie, l’égalité hommes-femmes, la coexistence pacifique des religions et qui combattent Daech sans relâche.
Humour acide
Zerocalcare détaille de façon extrêmement vivante et avec un humour acide son expérience, ses peurs, ses questions, ses impressions face aux personnes qu’il rencontre, fait souvent référence à sa vie à Rome. Il sait néanmoins rester didactique, expliquant de façon synthétique la géopolitique complexe de la région.
Reportage au cœur d’un conflit, humour, mise en scène de son propre personnage en Candide moderne : il est difficile de ne pas penser à Joe Sacco. Mais Zerocalcare n’est pas reporter de guerre et il ne s’en cache pas. Ainsi, Kobane Calling ne relève finalement pas tant de l’exercice journalistique que du carnet de voyage, du témoignage.
Derrière une apparente frivolité, parfois peut-être un peu trop marquée, Kobane Calling est cependant une œuvre sensible qui éclaire la situation du Kurdistan et le rôle essentiel de ses combattants de l’ombre.
Kobane Calling (Cambourakis), traduit de l’italien par Brune Seban, 272 pages, 23 €
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