Au terme de dix jours de compétition, le jury de la 42e édition du Festival du Cinéma Américain de Deauville, présidé par Frédéric Mitterand, a récompensé des films qui écaillent avec subtilité le vernis de la société et du système américain.
Le jury du Festival, réuni hier, a choisi d’honorer de son Grand Prix Brooklyn Village (Little Men) d’Ira Sachs (Keep the Lights On, 2012, et Love Is Strange, 2014), portrait aussi tendre qu’aiguisé de cinq individus que le conflit social et financier emprisonne, dans un New York en profonde mutation. Co-écrit avec Mauricio Zacharias et inspiré par deux films de Yasujiro Ozu, le film suit l’éclosion d’une amitié irriguée d’amour secret entre deux jeunes garçons aux origines et aux tempéraments différents. Leur lien sera mis à mal par une querelle immobilière qui déchire leurs deux familles. Brooklyn Village sortira en France le 21 septembre.
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https://youtu.be/Ri6WtDOMYpg
Le Prix du Jury a récompensé le cinéaste américain Todd Solondz pour Le Teckel (Wiener Dog, également lauréat du Prix Kiehl’s de la Révélation), une comédie douce-amère en forme de film à sketchs reliés les uns aux autres par les errements d’un chien d’un propriétaire à l’autre. Présenté auparavant au Festival de Sundance, le film, qui se moque des tics, manies et fétiches du fantasme de l’americana bien rangée par le biais d’un univers esthétisé au cynisme grinçant, est porté par un casting alléchant regroupant la pétillante et fantasque Greta Gerwig, la franco-américaine Julie Delpy, le désormais trop rare Danny DeVito et Zosia Mamet, de la série Girls.
Un prix partagé ex aequo avec Captain Fantastic de Matt Ross, portrait anarchiste d’une étrange famille vivant volontairement isolée du monde dans une forêt du Nord-Ouest Pacifique, jusqu’à-ce qu’elle soit contrainte de rejoindre la civilisation. Le père Ben (Viggo Mortensen) va essayer de préserver ses six enfants et leurs particularités face aux dangers de ce « nouveau monde ».
Le Prix de la critique a été décerné au récit d’apprentissage énergique et dansant The Fits, d’Anna Rose Holmer, quant celui du public a préféré Captain Fantastic. Enfin, le Prix d’Ornano-Valenti, qui récompense depuis 1992 le meilleur scénario de long métrage d’un réalisateur français, devra cette année être découpé en quatre s’il veut figurer sur les cheminées de chacun des Lauréats et têtes pensantes de Willy 1er. Soutenu par l’ACID, écrit et réalisé à quatre mains par Ludovic et Zoran Boukherma, Marielle Gautier et Hugo P. Thomas, cette comédie dramatique suit les efforts d’un homme (Willy / Daniel Vannet) inadapté à la société qui essaie de s’y trouver une place après la mort de son frère.
Une remarque enfin, ou plutôt un regret, concernant l’oubli au palmarès du tendre et extrêmement subtil Certain Women de Kelly Reichardt. Le film, portrait croisé de quatre femmes qui luttent pour tracer leurs chemins affectifs et professionnels avec dignité et sincérité sous la neige et le froid de l’hiver d’une petite ville du Nord-Ouest américain, sortira seulement en VOD et dans l’indifférence générale mi-2017.
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